Trop chic pour toi, Mirza

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais depuis quelques temps, je trouve que les nouvelles sorties parfums vont de "très moyen" à "franchement pas terrible".



Mon dernier vrai craquage remonte à... 2003. Sinon, il y a eu quelques parfums que j'ai trouvés assez jolis... mais pas de vrai coup de foudre.



Ce qui m'a vraiment étonnée, en fait, c'est à quel point toutes les nouvelles sorties semblaient se ressembler, et étaient au final peu mémorables, témoins le dernier Dior dont tout le buzz m'avait rendue frénétique de convoitise, puis m'a laissée franchement sur ma faim, et le dernier YSL, Elle - beaucoup de battage pour pas grand chose.



Je crois que c'est ce qui m'a poussé à me tourner, depuis deux ans, vers une petite parfumerie artisanale très, très gotheuse, qui travaillait uniquement à base d'huiles essentielles naturelles, sans alcool.



Très récemment, pourtant, je me suis éperdument enamourée de grand maître sérénissime Serge Lutens.

C'était là ma première incursion dans le joli monde des "parfums de niche", et je crains, au grand dam de mon défunt portefeuille, que le pli ne soit pris pour un moment...



Les parfums de niche, qu'est-ce que c'est exactement?





Désolée ;)




Il s'agit donc de parfums qui, contrairement à leurs homologues en vente dans tous les bons Sephonnaud à grands coups de matraquage publicitaire et formatés par des spécialistes marketing pour plaire au plus grand nombre (véridique...), se concentrent d'abord sur un concept, osent, inventent, innovent, sans contrainte de rentabilité, d'où des fragrances souvent plus affirmées, moins consensuelles. Les matières premières tendent aussi à être de première qualité, plus onéreuses, les notes peuvent être plus originales.



Quelques exemples de ces maisons forcément innovantes et confidentielles?

Mon bien-aimé Serge Lutens, bien sûr, avec plusieurs parfums tellement, hm, "originaux" qu'ils frisent l'importable (Muscs Koublaï Khan et ses douces effluves de cirque, Arabie le bien nommé vu qu'il sent le couscous, et le formidable Miel de Bois qui semble évoquer le Pledge chez les uns, l'...urine chez les autres, et j'en passe!).



D'autres parfumeurs jouent à fond la carte du décalage, comme l'Etat Libre d'Orange, qui donne le ton avec son slogan "le parfum est mort, vive le parfum!"... et qui pimente sa gamme de fragrances aux noms aussi alléchants que Vraie Blonde, Putain des Palaces, le... enfin, je cite, "Don't Get Me Wrong Baby, I Don't Swallow", ou encore les appétissants Nombril Immense, Charogne ou Sécrétions Magnifiques. Tout un poème.



Frédéric Malle, lui, s'est voulu "éditeur" de parfums comme d'autres éditent des livres.

Son concept?

S'adresser aux meilleurs "nez" du marché (qui travaillent d'ordinaire pour les grandes maisons habituelles), et leur demander à chacun de lui créer un parfum, quel qu'il soit, sans contrainte d'aucune sorte: carte blanche totale laissée à la créativité!

Il propose ainsi 16 parfums "sans concession", très différents, de vrais parfums de créateur, chacun avec leur personnalité, qui s'étalent du plus léger et transparent au plus chaud et épicé.



Et ce ne sont là que quelques exemples, ces petites maisons sont, au final, assez nombreuses: Caron, Annick Goutal, Creed, Dyptique, L'Artisan Parfumeur, Maître Parfumeur et Gantier, The Different Company, Santa Maria di Novella, Acqua Di Parma, Parfums d'Empire, et j'en passe, et beaucoup, encore.



Comme vous aurez pu le deviner, le produit ne vise qu'à séduire une clientèle relativement restreinte, et ces parfums de niche ont donc acquis une autre facette: l'exclusivité.

C'est qu'en portant ce genre de fragrance, vous ne courez pas vraiment le risque de croiser une inconnue qui aurait le même parfum que vous, pas vrai? (si vous portez Angel, par contre... ).

Cette exclusivité peut même devenir - à vue de nez - le principal argument de vente, comme dans le cas d'Indult, fière d'affirmer que seuls 999 flacons de chacun de ses parfums seront produits, et que seules les heureuses acquéreuses pourront ensuite le commander à nouveau, numéro de membre à l'appui, "entrant ainsi dans l'un des clubs les plus fermés du monde du parfum", libre à elles ensuite, une fois en possession de leur précieuse exclusivité, de "l'utiliser égoïstement ou de le partager". Ahem. J'espère pour elles que ça sent bon, en prime.



Les grandes maisons de parfumerie traditionnelle se sont à leur tour engouffrées dans le créneau, pour regagner une image de luxe que la vente de masse de leurs produits avait écornée.

C'est ainsi que sont nées des collections exclusives, très limitées, souvent en vente exclusivement dans les boutiques (voire la boutique) de la maison mère.



Chanel a ainsi créé pour ses propres boutiques toute une gamme d'exclusifs qui jouxtent des rééditions limitées des grands classiques de la marque (Cuir de Russie, N°22, ...); Guerlain avec ses "L'art et la matière", Armani avec "Armani Privé", Hermès avec ses "Hermessences" ont chacune leurs propres collections exclusives pour initié(e)s, généralement dans des flacons distinctifs, épurés à l'extrême... le mouvement est bien lancé.



Et ces grandes marques s'y retrouvent: si les Hermessences ne se vendent qu'à environ 5000 exemplaires, contre... 300 à 400.000 pour les parfums féminins classiques d'Hermès, cette nouvelle aura de luxe pour privilégié(e)s a un impact positif sur l'image de la marque et donc... sur la vente de ses produits classiques.



Corollaire inévitable de la rareté: le prix.

Ces parfums de niche sont généralement plus onéreux que les produits de masse: on dépasse (et parfois de très loin) les 100 euros pour un flacon. Parfois, le prix s'envole au point qu'on (entendez, "je") finit par se demander si un prix pareil est vraiment justifié, d'ailleurs...



En attendant, qui d'autre que ces charmants parfums de niche me permettrait de sentir la cigarette ou le vin chaud, je vous le demande?

CQFD!



4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bah c'est vrai que les prix parfois ... Serges lutens, quasiment 100€ pour 50ml. Mais bon disons que cela participe aussi à "l'écrémage" . Si ces parfums étaient vendus au prix des parfums commerciaux, il y en aurait bcp plus qui porterait ce type de parfum. C'est le prix à payer pour ne pas avoir le même parfum que mr tlm.

Six' a dit…

C'est vrai aussi... je trouve juste que ça devient dérangeant si, au final, on ne paie purement que l'exclusivité elle-même... Par contre, si le prix se justifie par la qualité des matériaux, etc., alors là je n'y vois plus aucun inconvénient. Merci d'être passé(e?) ici! :)

NathalieB a dit…

Ambregris je pense que la parfumerie de niche est une respiration bienvenue et qui a forcé d'ailleurs les grandes maisons à changer leur stratégie, ce qui est très positif. Mais j'ai souvent été déçue par les parfums de niche, (cela dit je n'en connais pas beaucoup) je trouve que sous cette appellation on trouve un grand bazar avec de grandes variations de qualités et de compositions. Parfois je me dis que la tendance s’inverse et que les parfums de niche commencent à radoter aussi alors que la parfumerie de masse sera forcée, de par la concurrence féroce qui règne dans ce secteur, de se réinventer un jour ou l’autre. J’aime les Lutens, l’Artisan Parfumeur et Frédéric Malle mais au-delà de ça je m’aventure très peu dans cette gigantesque nébuleuse. Pour l’instant j’étudie les classiques et quand mes bases seront plus solides je pourrais plus facilement me retrouver dans ce capharnaüm olfactif.

J’ai toute les peines du monde à poster des commentaires sur blogger, je ne peux pas mettre l’url de mon site, c’est un peu hors sujet mais quelqu’un sait il comment faire ?)

nathalie@lesateliersduparfum.com

Anonyme a dit…

Faut pas diaboliser les grandes marques. Je pense que la seule vraie différence avec les marques de niche c'est qu'ils peuvent se payer de grandes campagnes de pub.

Après, raconter que ces marques de niche innovent, ont de l'audace, ne font pas de concession pour plaire à tous... je pense que c'est du blabla.
De même que les histoires de qualité des produits pour justifier le prix me fait doucement rire. Rien ne nous prouve que le prix et la qualité coincident. C'est juste l'image du parfum qui veut qu'on ait quelque chose de précieux dans les mains, à grand renfort de sémantique sur la nature les essences rare la fraîcheur l'affirmation la délicatesse.
On ignore le pourcentage du prix revenant aux matières premières.
L'exclusivité, le côté précieux, le pipeau, les éditions limités, toutes les marques ont recours à ces menus larcins.

Bref, pour l'instant, en gros noob, j'aime toutes les marques, car chacune vient participer à l'offre global.
Peu de gens se soucient de leur parfum, aussi grandes marques ou pas, peut de chance de sentir la même odeur partout.
Ensuite on trouve des parfums sympas rare et inconventionnel aussi dans les grandes marques, ex : "après l'ondée" chez Guerlain.
Certes, j'admet que les cas "Angel" ou les parfums gentillet pour homme on en croise beaucoup chez Sephora, mais des qui-put et des fadasses aussi dans les niches.

Bon, je fais un peu la gueule avec ambre sultant à 80€ mais bon, tant qu'on peut essayer n'importe quel parfum gratuitement, tout va pour le mieux.