- Avertissement au lecteur -
Comment rester objective pour parler d'un parfum que vous avez eu la chance de voir présenté par son créateur en personne? C'est la première fois que je me sens à la fois juge et partie dans un des avis publiés ici, et l'exercice se révèle plus que périlleux - il prend de vraies allures de funambulisme.
Je crois, en toute honnêteté, que si je n'avais pas aimé le parfum, si je l'avais trouvé mauvais, je n'en aurais pas parlé du tout. Mais il se trouve que je l'aime, et je vais tenter d'en parler avec le plus d'objectivité possible.
Comment rester objective pour parler d'un parfum que vous avez eu la chance de voir présenté par son créateur en personne? C'est la première fois que je me sens à la fois juge et partie dans un des avis publiés ici, et l'exercice se révèle plus que périlleux - il prend de vraies allures de funambulisme.
Je crois, en toute honnêteté, que si je n'avais pas aimé le parfum, si je l'avais trouvé mauvais, je n'en aurais pas parlé du tout. Mais il se trouve que je l'aime, et je vais tenter d'en parler avec le plus d'objectivité possible.
Pour son nouveau grand lancement, à sortir fin août, Lancôme a voulu tourner résolument le dos aux fleuris fruités omniprésents sur le marché depuis si longtemps. Entrée, donc, d'un nouveau type de jus, un boisé-fleuri-épicé: Magnifique.
Les boisés féminins ne sont pas entièrement inconnus en parfumerie: sans remonter jusqu'à Bois des Iles de Chanel, qui avait déjà donné le ton en 1926, il y eut, surtout, le fameux Féminité du Bois de Shiseido et sa fantastique dominante de cèdre, ainsi que ses déclinaisons dont Dolce Vita.
Jamais, pourtant, la famille ne s'imposa réellement dans la parfumerie de grande distribution.
Jamais, pourtant, la famille ne s'imposa réellement dans la parfumerie de grande distribution.
Les grandes marques semblent pourtant aujourd'hui parier sur cette tendance: outre Magnifique, un autre boisé féminin, Sensuous, est attendu à la rentrée chez Estée Lauder.
Création d'Olivier Cresp, aidé de Jacques Cavallier (tandem déjà à l'origine d'Elle d'Yves Saint Laurent, Midnight Poison de Dior ou encore le récent Nina de Nina Ricci), Magnifique présente aussi une autre nouveauté: le nagarmotha. L'essence extraite des racines de cette plante indienne de la famille du papyrus, aussi appelée cypriol (Cyperus scariosus R.Br.), exhale une senteur bien particulière, boisée et un peu râpeuse, qui rappelle à la fois le vétiver et (à mon nez) le patchouli. C'est autour de cette essence de nagarmotha, paraît-il encore jamais utilisée dans un parfum féminin, que toute la fragrance a été composée.
Notes de tête: essence de safran, mandarine, cumin
Note de cœur: essence de rose bulgare, absolue de rose de mai, jasmin sambac
Notes de fond: essence de nagarmotha, vétiver, essence de santal d'Australie
Le safran, délicat et suave, s'épanouit dans les notes de tête, avec un léger côté daim, cuiré doux, relevé par un cumin qui reste très discret. La mandarine qui l'accompagne lui donne un peu de fraîcheur, et surtout une jolie touche acidulée.
La rose vient rapidement se mêler à cette tête safran-mandarine qui se prolonge, une rose sucrée, un peu confite mais sans excès, avec comme un clin d'œil à Trésor... Et très vite, le nagarmotha se faufile depuis les notes de fond, colorant fortement l'ensemble de sa note boisée-vétiver, presque terreuse, qui a le râpeux du patchouli. Magnifique prend alors sa vitesse de croisière, continuant sur sa lancée de rose d'un boisé rugueux, d'un contraste des plus heureux, les derniers souffles du safran dans les voiles.
Après quelques heures, la facette râpeuse du nagarmotha s'estompe en même temps que les dernières traces fruitées-acidulées de la mandarine, laissant entrevoir plus clairement, à travers la rose, l'amertume vert sombre du vétiver. C'est ce mariage de rose boisée-vétiver qui va se prolonger jusqu'en fin de tenue (au demeurant très bonne), alliance un peu linéaire et moins nuancée que la phase précédente qui, elle, me ravit.
Avec le plus d'objectivité possible, je dois dire que Magnifique m'a impressionnée par son parti-pris. Il tourne bel et bien le dos aux tendances actuellement dominantes sur le marché, et sa note de nagarmotha, très présente, lui donne une originalité assez remarquable pour un grand lancement, généralement bien plus frileux.
A vrai dire, la mention d'un "boisé-épicé" m'avait fait imaginer un parfum un peu tapageur... mais Magnifique évite en fait l'écueil, avec sa rose classique qui tempère ses côtés plus osés. C'est cette juxtaposition contrastée de safran soyeux et de notes florales plus traditionnelles, d'une part, et de bois terreux, sombre et rugueux, de l'autre, qui font pour moi tout l'intérêt de cette fragrance. Pour la parfumerie de grande distribution, Magnifique est une très belle bouffée d'air frais.
La rose vient rapidement se mêler à cette tête safran-mandarine qui se prolonge, une rose sucrée, un peu confite mais sans excès, avec comme un clin d'œil à Trésor... Et très vite, le nagarmotha se faufile depuis les notes de fond, colorant fortement l'ensemble de sa note boisée-vétiver, presque terreuse, qui a le râpeux du patchouli. Magnifique prend alors sa vitesse de croisière, continuant sur sa lancée de rose d'un boisé rugueux, d'un contraste des plus heureux, les derniers souffles du safran dans les voiles.
Après quelques heures, la facette râpeuse du nagarmotha s'estompe en même temps que les dernières traces fruitées-acidulées de la mandarine, laissant entrevoir plus clairement, à travers la rose, l'amertume vert sombre du vétiver. C'est ce mariage de rose boisée-vétiver qui va se prolonger jusqu'en fin de tenue (au demeurant très bonne), alliance un peu linéaire et moins nuancée que la phase précédente qui, elle, me ravit.
Avec le plus d'objectivité possible, je dois dire que Magnifique m'a impressionnée par son parti-pris. Il tourne bel et bien le dos aux tendances actuellement dominantes sur le marché, et sa note de nagarmotha, très présente, lui donne une originalité assez remarquable pour un grand lancement, généralement bien plus frileux.
A vrai dire, la mention d'un "boisé-épicé" m'avait fait imaginer un parfum un peu tapageur... mais Magnifique évite en fait l'écueil, avec sa rose classique qui tempère ses côtés plus osés. C'est cette juxtaposition contrastée de safran soyeux et de notes florales plus traditionnelles, d'une part, et de bois terreux, sombre et rugueux, de l'autre, qui font pour moi tout l'intérêt de cette fragrance. Pour la parfumerie de grande distribution, Magnifique est une très belle bouffée d'air frais.
Maison: Lancôme
Créateur: Olivier Cresp et Jacques Cavallier
Année de création: 2008
Famille: boisé-fleuri-épicé
Disponible en Eau de Parfum, vapo 30 ml, 50 ml et 75 ml, à partir de fin août en parfumerie. D'autres concentrations et une ligne coordonnée seront proposées ultérieurement.
Créateur: Olivier Cresp et Jacques Cavallier
Année de création: 2008
Famille: boisé-fleuri-épicé
Disponible en Eau de Parfum, vapo 30 ml, 50 ml et 75 ml, à partir de fin août en parfumerie. D'autres concentrations et une ligne coordonnée seront proposées ultérieurement.
7 commentaires:
belle description, ça donne envie de le découvrir. Je l'attends avec inquiétude et envie à la fois, inquiètude car les parfums cités dans la review...et bien...je les trouve d'une banalité affligeante, en tout cas pour moi, mais ce "Magnifique" a l'air de sortir des sentiers battus alors....
je précise pour les parfums d'une banalité affligeante ceux cités:'Elle d'Yves Saint Laurent, Midnight Poison de Dior ou encore le récent Nina de Nina Ricci
Vero... je suis tout à fait d'accord!
Ces trois-là, je les ai aussi trouvés ennuyeux et sans intérêt. Grand lancement rime bien trop souvent avec jus consensuel, hélas... et c'est ce qui marche, alors pourquoi changer la formule?
Mais c'est justement ce qui m'a interpellée dans Magnifique: il se démarque - peut-être pas au point du "sans concession" qu'on peut trouver dans les niches, ce n'est pas au niveau de MKK ou Sécrétions Magnifiques, mais pour un lancement grand public, c'est assez remarquable. Je l'aime beaucoup en tout cas, et j'espère que la tendance aux boisés féminins s'imposera!
Si le nagarmotha et le cypriol sont une seule et même substance, je crois, soit qu'on l'utilise de plus en plus (ce qui veut dire qu'un nouvel absolu ou molécule est sur le marché), soit qu'on le liste plus souvent. Je l'ai senti dans les Orientalistes de Goutal et récemment dans le By Killian qui va sortir en août.
Je ne l'ai pas senti seul mais c'est une note intéressante avec des facettes terre-humide/vieille église.
D,
J'ai pu sentir du nagarmotha seul, mais sur chiffon imprégné, pas sous forme liquide... je l'ai trouvé vétiver-patchouli, avec effectivement une note terreuse marquée. Je crois qu'il doit être surdosé dans Magnifique, parce qu'il y est très présent... et maintenant que j'arrive à mieux cerner cette note, il faut absolument que je réessaie les Orientalistes, merci de l'information!
je viens de relire tes descriptions mais malheureusement je ne retrouve rien de ce que tu decris pour ma plus grande tristesse.Je trouve encore une fois, pour moi , mon avis n'engage que moi, un parfum créé selon un code marketing bien établi après une études de marché pour vendre en masse, fait pour être aimé de tout le monde, le seul effet que je sens :un lèger fruité un peu boisé par le santal, leger dans le fond, un joli parfum crée uniquement pour plaire à la majorité et hypermarketé tendance.Clairet et passe partout, un Madame tout le monde en fait. Difficile pour moi même de le classer dans les boisés :( mais bon je ne suis pas une pro non plus.Je ne vois aucune prise de risque ou de tournant dans ce parfum.
Actuellement, il y a toujours pour moi, les Parfums et les sent-bon, celui ci , je le met dans cette derniere categorie ;)il n'est pas raté, mais...je pourrais le confondre dans la masse de sorties commerciales actuelle.
sa fait 2 mois que j'ai acheter un coffret magnifique franchement et sans vouloir nuire a l'image de marque je trouve sa senteur ecoeurante car elle me provoque des nausées très déçu!
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