[Parlons parfums] Des reformulations et des vintages

Ces derniers temps, il a beaucoup été question, dans la blogosphère parfum, des reformulations et des vintages. 
 
 
Des reformulations...
   
Faut-il encore le souligner? S'il est très généralement ignoré du grand public, le phénomène est bien connu des amateurs: nombre de parfums sont, régulièrement, reformulés. 
  
Souvent, le parfum garde exactement le même nom, mais sa composition change, ses ingrédients sont remplacés graduellement, pour de multiples raisons.
 
Les nouvelles normes de sécurité édictées par l'une ou l'autre institution officielle ont ainsi un lourd impact: l'utilisation des muscs nitro, jugés neurotoxiques, est en net déclin depuis les années 70, la mousse de chêne, ingrédient essentiel des parfums chyprés, a été récemment mise à l'index,... la liste d'allergènes et de matières désormais interdites ou strictement limitées ne cesse de croître. Sans parler des matières animales naturelles autrefois utilisées: musc, civette et castoréum sont aujourd'hui remplacés par des synthétiques, par souci évident du bien-être animal.
 
Pour les parfums les plus anciens, la formule originale peut aussi comporter des bases qui n'existent plus aujourd'hui (les bases sont des notes "préfabriquées", des mélanges prêts à l'emploi de composants  reconstituant une senteur - pêche, miel, oeillet... - qui épargnent au parfumeur le souci de devoir chaque fois recomposer la note qu'il souhaite utiliser, voire des mini-parfums  - accord ambre, accord animalisé - à utiliser comme note parmi d'autres dans l'élaboration d'une fragrance). Les compositions de Germaine Cellier (créatrice des mythiques Vent Vert et Jolie Madame de Balmain, Fracas de Piguet, etc.) sont bien connues pour faire grand usage de bases, ce qui les rend difficiles à reproduire fidèlement aujourd'hui. Autre exemple, la base "Mousse de Saxe" abondamment utilisée par Ernest Daltroff au point d'en devenir une signature des anciens Caron, semble aussi avoir disparu.
   
Il arrive aussi que les sources de matières premières naturelles utilisées autrefois se trouvent subitement taries, comme le santal de Mysore, qui a été massivement exploité au point d'en devenir rarissime aujourd'hui.
   
Les substitutions de composants pour basses raisons financières sont aussi hélas bien attestées: on remplace  furtivement une matière par une autre, peu ou prou moins belle, mais surtout moins coûteuse...
 
Mentionnons enfin les coups de génie des responsables marketing, estimant soudain que telle ou telle référence "vieillotte" du catalogue maison mériterait bien un petit coup de jeune!
   
Tout ceci explique donc que des modifications soient ponctuellement apportées aux formules des parfums.
Le lifting peut être progressif, à mesure que les ingrédients sont remplacés... ou il peut y avoir reformulation brutale. Femme de Rochas, par exemple, a été recomposé assez récemment. Le flacon est identique, le nom est le même, mais ce n'est plus l'ancien Femme...
  
La liste des parfums ainsi modifiés au point d'en devenir méconnaissables serait bien longue, et bien triste: on y retrouve des légendes comme Arpège de Lanvin, Calèche d'Hermès, Vent Vert de Balmain, L'Air du Temps de Nina Ricci... et certains n'hésitent pas à y placer tous les anciens Caron. 
 
Signalons au passage une autre tendance fort curieuse de l'industrie, explicable semble-t-il par la difficulté à trouver un nom encore libre de copyright pour un parfum, mais qui ne clarifie pas une situation déjà confuse: une grande marque va reprendre le nom d'un parfum ancien de son catalogue, et lancer  sous ce nom un nouveau parfum qui n'a en fait rien à voir olfactivement avec l'original. Rumeur de Lanvin, les Exclusifs Sycomore et  Beige (à venir) de Chanel, Visa de Piguet en sont des exemples. 
  
 
Ces reformulations sont-elles donc uniformément mauvaises? 
C'est un autre débat, dans lequel je me garderai d'entrer ici. Je me contenterai de dire que si certains de ces parfums liftés sont réellement massacrés, d'autres ont de très beaux restes... et dans ce cas, il serait dommage de snobber la version récente. Inutile de sombrer dans le passéisme systématique: ceux qui auront connu l'original le regretteront, mais pour les autres, pourquoi ne pas apprécier un beau parfum, facilement disponible, parce qu'il n'est plus conforme à un état antérieur inconnu?  
   
  
 
...et des vintages
   
Pour l'amateur des originaux, en tout cas, il ne reste plus qu'à faire son deuil... ou à rechercher son bonheur dans des flacons anciens, qu'il trouvera qui sur Ebay, qui dans les brocantes, qui oubliés depuis des années sur les rayons d'une petite parfumerie. Pour les courageux candidats à la chine, un excellent article de Grain de Musc vous donne de précieux conseils pour vous aider dans votre chasse aux vintages.
  
Pour qui a bien connu et porté l'original, reconnaître le parfum le plus proche de celui qu'il a aimé devrait être aisé. Mais pour les autres, qui voudraient pouvoir découvrir un parfum légendaire, aujourd'hui disparu ou défiguré, il y a - pour moi - un hic: un parfum produit il y a longtemps va forcément avoir changé. 
  
Il y a bien entendu les problèmes de conservation: toute exposition à la lumière, à l'air, à la chaleur, va gâter le jus, en premier lieu. Et même si le parfum a été bien conservé, les notes de tête restent malgré tout plus sensibles (les notes hespéridées très généralement présentes en tête sont celles qui virent le plus vite). 
  
S'y superpose un autre problème: même très soigneusement conservé, le parfum ne va pas sagement reposer des décennies dans son flacon sans changer d'un iota - les ingrédients se concentrent au fil du temps. Il y a eu débat sur un forum anglophone, récemment, au sujet du Parfum de Thérèse paru chez Frédéric Malle: le parfum récemment acheté n'avait plus la même senteur, y avait-t-il déjà eu reformulation? Il est finalement apparu que la formule était restée identique, mais que le parfum changeait au fil du temps, à mesure de sa  maturation...
   
Il faut, enfin, pouvoir s'assurer de la date de production du parfum que l'on recherche. 
La seule mention "vintage" ou "ancien" dans une annonce Ebay est loin d'être suffisante: "vintage" de quand? Un flacon de 1920 et un flacon de 1980 peuvent l'un comme l'autre être considérés comme "vintages"... sans compter que certains vendeurs ont des affirmations si péremptoirement fantaisistes qu'un arracheur de dents en rougirait. 
    
Pour découvrir un parfum disparu ou modifié aujourd'hui, l'idéal est probablement de dénicher un flacon qui se rapproche le plus possible de sa date de mise sur le marché: la formule pourra avoir changé même cinq ans plus tard, sans oublier les importantes fluctuations de senteurs entre les différentes récoltes de matières naturelles, abondamment utilisées dans les parfums anciens. 
  
Autant, alors, se renseigner solidement avant de passer à un achat coûteux, s'assurer que le conditionnement correspond bien à celui de l'époque (même pour ceux qui ont gardé le même flacon des années durant, par exemple Nuit de Noël ou Bellodgia de Caron, la boîte a changé au fil du temps). Et garder à l'esprit que la rareté acquise, même parfaitement conservée, aura forcément changé dans son flacon depuis sa production: elle donnera une bonne idée du parfum, voire une très bonne idée, mais elle ne sera pas identique à ce qu'a été l'original.  
Sic transit gloria perfumi...
   

    
Images: Parfum de Pub, Rago Arts, Okadi
 

22 commentaires:

Uella a dit…

Dans l 'etat actuel des choses, tous les parfums classiques ont ete reformules sans exception, je doute fort qu 'il existe encore un seul classique identique a son original. Meme certains Lutens ont ete reformules, ce qui m 'a ete confirme aujourd 'hui par la directrice de la boutique Palais Royal au telephone.
Certaines maisons de parfum font du meilleur travail que d 'autres en matiere de reformulations; meme si l 'actuel extrait du No 5 n 'est pas 100% integre a celui des annees 50 ou 60, ca reste encore un tres beau parfum bien construit et execute. A cote de ca, il y a des parfumeurs comme Dior qui commercialisent des versions reformulees de Miss Dior et Diorissimo tres mediocres. Le pire vient des reformulations de la maison Caron, En Avion qui a ete mon parfum prefere et que je portais dans les annees 80 et 90 n 'a aujourd 'hui plus rien a voir avec l 'original. Chez Guerlain, Luca Turin estime que le nouveau Mitsouko est convenable alors qu 'Octavian Sever Coifan pense exactement le contraire.

Bien sur acheter des vintages comporte un risque et certes leurs notes de tete sont souvent detruites mais de toutes facons la construction des parfums classiques tout est dans les notes de coeur et de fond, ce ne sont pas des parfums a caractere ultra frais et hesperide, forcement ca importe peu. J 'ai une collection importante de vintages, finalement tres peu de parfums se sont averes rancides, j 'estime que ca vaut le coup de prendre des risques et decouvrir a quoi ressemblent Mitsouko, le No 5 ou Le Narcisse Noir des annees 50 et 60.
Il y a aussi vintage et "vintage", un parfum des annees 50 n 'est pas le meme qu 'un parfum des annees 90, meme si pour Caron les annees 90 sont deja considerees vintage (periode d 'avant le rachat de la maison Caron par le groupe Ales en 1998).

Anonyme a dit…

quel excellent article! je suis d'accord, c'est dommage toutes ces reformulations mais il ne faut pas bouder les nouvelles formules. J'ai beaucoup aimé la reformulation de Idole de Lubin ou Visa de Piguet, simplement j'aurais aimé que les noms soient changés ou simplement que l'ont ajoute un II comme Idole II ou Visa II pour éviter les confusions.
Femme de Rochas a été reformulé quelle année? j'ai un flacon d'il y a 7 à 8 ans, mes Caron ont tous plus de 10 ans.
Je me suis lancé dans l'achat de vintage recemment pour découvrir des parfums que je n'avais pas connu, et je n'ai été déçue par aucun. D'ailleurs c'est gràce à ce type d'article que tu as ecris ou encore comme dans Grain de musc, ou le blog d'Octavian, que je peux diriger mes recherches et mes achats. J'ai beaucoup appris aussi sur les vintages et reformulations en lisant des forum, ainsi que les commentaires d'Emmanuella qui m'ont beaucoup aidée.

Octavian Coifan a dit…

Pour la date des reformulations il y a en général quelques indices: l'année de rachat d'une marque ou changement de groupe (voir Rochas) et les dates des directives UE. Chez LVMH les choses ont commencé à bouger très fort dès 1996.
Il y a des situations où je peux comprendre, même accepter les reformulations. Mais ce qui me dérange le plus en 2008 c'est le manque de transparence des marques. Le changement n'est pas communiqué et écrit sur le packaging, les vendeurs en général disent n'importe quoi et à la fin, la communication qui mise sur la tradition, l'héritage, la qualité engendre une confusion totale.
Ce qui me dérange chez Guerlain c'est le côté ethique envers le consommateur. Il est certain que pour de diverses raisons il y a des formules qui ne peuvent plus rester comme en 1925 mais cela n'est pas synonime avec le mensonge constant ou cacher la verité dans de belles formules.
Visa est un autre cas assez grave! On mise sur l'histoire et on construit tout un mythe, donc une argumentation vente ... qui n'a aucun rapport avec Visa l'ancien. J'ai l'impression d'acheter un morceau de l'histoire de Robert Piguet et de se parfums merveilleux mais c'est un discours faussaire.
Pour Chanel, même s'ils utilisent des noms anciens (Sycomore), je ne me rappelle pas avoir vu des info sur le passé. D'ailleurs, la maison Chanel ne communique point sur les très nombreuses créations anciennes et méconnues.
A la fin, pour acheter un vrai vintage ... c'est toute une aventure car dater une "bonne" version n'est pas chose facile.
En même temps, il y a des morceaux de l'histoire auxquels il ne faudrait point toucher. Si on regarde la tradition française dans la préservation des oeuvres d'art et leur restauration, je pense que l'on devrait voir une leçon et regarder avec un peu plus de sérieux certains cas. Comme Tabac Blond, Narcisse Noir, Mitsouko...Ce ne sont pas des produits tels quels et si l'industrie de la parfumerie moderne ne montrera un peu plus de responsabilité envers son patrimoine, elle aura encore plus de mal à ce faire reconnaitre en tant qu'art.
L'art dans les parfums n'est pas seulement un bon sujet média pour vendre ses produits (JC Ellena) mais devrait aussi à s'intéresser à préserver la qualité de certaines oeuvres marquantes.

Anonyme a dit…

lol .. encore la diatribe d'aline et vercour alias C... alias tant d autre ..
Pas changer de disque

Octavian Coifan a dit…

Et quel serait l'autre "disque"?

Anonyme a dit…

mes excuses, je voulais parler de Baghari et non de Visa, Baghari est'il très different de l'origine ?

Uella a dit…

Cher Octavian, j 'ai peur que l 'autre disque soit du style "Je porte Coco Melle et Angel, dois-je prendre Miss Dior Cherie ou Midnight Dior? heu parce que j 'hesite..."

PS: anon si vous aviez des Lettres vous sauriez qu 'il s 'agit d 'Aline et Valcour et non pas aline et vercour!

Six' a dit…

Un grand merci à tous pour vos interventions! Et Octavian, c'est un grand plaisir de vous voir ici!

Véro, pareil, j'apprécie beaucoup ces nouveaux parfums (le nouvel Idole de Lubin, ahhhh....), mais leur donner le même nom qu'une ancienne référence, ça rend décidément les choses bien confuses...un peu plus de clarté aurait été bienvenue!
Le nouveau Femme, réorchestré par Olivier Cresp, date de 1989 (et cette version est très reconnaissable à sa forte note de cumin!)
En fait, cette réflexion est née de mon souhait, en me tournant vers les vintages, de retrouver d'anciens parfums exactement tels qu'ils ont été créés... et j'ai fini par réaliser que c'était tout bonnement impossible. Ce qui n'empêche pas qu'un flacon de parfum vintage parfaitement conservé puisse être porté avec plaisir!
Sinon, d'après quelques commentaires vus ça et là, ce nouveau Baghari semble très fidèle à l'original (et que je l'aime!); les moins "respectueux" dans ces rééditions de Piguet semblent être Visa et Cravache.

Octavian, tout à fait d'accord, il devrait au moins y avoir une transparence de la part des marques, plutôt que de laisser le consommateur racheter "son" parfum à l'aveugle, sans l'avertir qu'il a changé!
C'est vrai aussi que dans le cas de Piguet, les rééditions s'appuient sur la renaissance d'un mythe... et le fait que certaines des fragrances seulement soient conformes aux originales est plutôt gênant. La situation est à peu près similaire pour L'Interdit de Givenchy, relancé sur la base de sa légende et en réalité bien éloigné de l'original... tout ça n'est pas très éthique, effectivement.
Pour Chanel, je ne parle que de mon expérience personnelle, mais que de désinformation j'ai pu voir dans les boutiques mêmes de la marque! Plusieurs vendeurs m'ont soutenu mordicus que les extraits de Bois des Iles et de Cuir de Russie n'existaient plus... alors autant dire que je n'espère pas vraiment recevoir d'informations fiables de leur part sur leurs parfums historiques.
En fait, plus ça va, plus il me semble que cette industrie est, à de rares exceptions près, entièrement gangrenée par la profitabilité à tout prix, et elle ne se soucie pas le moins du monde ni de son histoire réelle, ni du côté artistique de la chose. Edmond Roudnitska serait désespéré.
Ce qui ne veut pas dire, encore une fois, que tout était mieux avant et que rien de convenable ne se fait aujourd'hui - seulement que le respect des œuvres passées semble être l'exception dans le milieu, plutôt que la règle, et c'est bien dommage.

Octavian Coifan a dit…

La différence entre cette industrie et les autres (cosmétique, alimentaire, etc) et entre Europe et USA c'est qu'il n'y a pas encore eu des plaintes des consommateurs suivies d'une démarche en justice.
Je ne peux que me rappeler le cas de McDo avec la boisson chaude (et le manque de la mention attention), un autre sur les allégations des shampoings antidandruff, ou celui contre les allégations du mascara extra cils. :)
Pour un avocat la question d'un parfum reformulé vendu comme un authentique sans avoir mentionné la reformulation (comme dans le cas de Diorissimo où une simple cromato reflète très bien les différences, à part le nez) n'est pas tellement compliquée.
Ca semble un peu exageré mais je pense que le jour où un client fera plainte contre une reformulation, les choses commenceront à bouger.
L'histoire des phtalates, parabens & co a commencé aussi de cette manière.

Uella a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Uella a dit…

Octavian, puisque l 'industrie francaise du parfum accepte de se soumettre a des reglementations supra-nationales (Union Europeenne), j 'aimerais comprendre pourquoi il n 'y a pas de labels de qualite ou quelconque reglementations qui concernent la qualite des produits comme ca existe dans beaucoup de domaines artistiques et gastronomiques en France. Et pourquoi certaines industries ne sont soumises a aucunes reglementations comme l 'industrie du tabac alors que les groupes anti-tabac ont decouvert des traces de cyanure et recemment de radio-activite, et en face de ca on reglemente la mousse de chene et le musc naturel en parfumerie? Les dirigeants de l 'industrie du parfum ont-ils vraiment la volonte de resister a ces reglementations supranationales ou est-ce que ca les arrange bien en fin de compte puisque financierement les molecules synthetiques permettent de realiser de plus gros profits? A mon avis si l 'industrie du parfum avait ete le fer de lance d 'un pays comme la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis plutot que de la France, je ne pense pas qu 'ils auraient accepter ces reglementations, du moins a ce point.
Deja quand on se plaint et qu 'on mentionne le probleme des reformulations aux parfumeurs, d 'emblees le ton change, ils sont sur la defensive. Il m 'a fallut dix minutes pour faire avouer a la directrice des Salons du Palais Royal Shiseido que certains de leurs parfums avaient ete reformules, quand je lui ai parle de reglementations, son ton a change, elle a compris que ca servait a rien de me raconter des salades. Recemment a la boutique Guerlain de l 'Hotel Waldorf Astoria a New York, la directrice boutique jurait sur la bible que les parfums Guerlain n 'avaient jamais change de formules, j 'ai insiste avec argumentation a l 'appui mais rien a faire, elle a du me prendre pour une folle en fait. Puis quand je lui ai demande de tester Mitsouko a la place elle essayait de me vendre My Insolence et le maquillage Guerlain, elle me trouvait trop jeune pour Mitsouko (j 'ai 38 ans et je fais beaucoup plus jeune que mon age mais personne me donne 16 ans non plus!). Sur ce j 'ai contacte le site Guerlain pour me plaindre de ce lamentable manque de serieux... j 'attends encore une response!

Six' a dit…

Le seul souci de l'industrie me semble précisément d'éviter ce genre de conflit au niveau de la santé publique, en allant même au-delà des directives européennes; tant que le préjudice n'est qu'"esthétique", je doute que les choses bougent... sauf si les ventes chutent brusquement suite aux reformulations, ce qui est loin d'être sûr!

Uella a dit…

Six, le parfum est en chute libre, moins 3.7% au niveau des ventes en 2007 aux Etats-Unis (second marche mondial). En economie ce chiffre ce n 'est meme pas une recession, il correspond a une depression. Je peux vous certifier que dans une economie capitaliste personne ne se soucie de la sante publique, deja qu 'aux Etats-Unis les assurances qui font des profits gigantesques, laissent des millions d 'americains endettes ou sans assurance face a la maladie, le FDA ferme les yeux sur la toxicite des importations chinoises, recemment des groupes de consommateurs americains ont decouvert des teneurs importantes de traces de plomb dans les rouge-a-levres francais de l 'Oreal et Dior, On en a bcp entendu parle aux Etats-Unis dans les medias mais voila au bout du compte rien a change. J 'ai bien du mal a croire que les dirigeants de LVMH soient des samaritains qui se preoccupent de la sante d 'autrui. Et puis pour les class-action law suits, generalement les grands groupes comme LVMH attendent d 'etre confronte a ce genre de probleme pour agir et encore, l 'industrie la plus confrontee a ces class action law suits c 'est l 'industrie du tabac et la non plus rien a change, elle cree des millions de mort par an dans le monde entier. Quant au tout synthetique en parfumerie, qu 'en sait-on des risques cancerigenes a vingt ou trente ans? On a pas assez de recul pour savoir. Les allergenes comme la mousse de chene ne sont que des reactions cutannees mineures chez moins de 1% de la population generale, comment peut-on comparer ca avec le tabac ou des produits chimiques qui polluent notre environnement quotidien?

Anonyme a dit…

Vous avez tout dit dans l’article (excellent et fort complet) et les commentaires, j’ajouterai seulement, (et je le déplore), que les parfums meurent, c’est triste mais c’est ainsi. Ils sont comme toutes choses ; ils disparaissent et se perdent. Beaucoup de savoir-faire autours des parfums ont malheureusement aussi disparu. Certaines matières, certaines bases etc.

En fait les parfums sont l’image même de l’impermanence cher aux bouddhistes, dans la manière dont ils s’évaporent au contact de la peau, et aussi à cause de leurs supports, ces molécules odorantes, si fragiles, soumises, elles aussi à des impératifs de rendement et à des lois sans queues ni têtes…

C’est étonnant de penser que le parfum, invisible, impalpable, est en fait profondément inscrit et dépendant de la matière.

Anonyme a dit…

ma mère a deux parfums , toujours les mêmes depuis de nombreuses années . Paris d'YSL et Vent Vert de Balmain .....elle est folle de Balmain .

Six' a dit…

Froufrous,

Ce sont deux très beaux parfums... mais se pose la question de la version de Vent Vert: lequel? Il a été nettement reformulé à plusieurs reprises, votre maman a-t-elle remarqué la différence au fil du temps?

Anonyme a dit…

Oui, les parfums vivent et meurent... et c'est une part de nous qui disparaît alors. J'ai porté Mitsouko pendant une quinzaine d'années et je cherche encore quel successeur lui trouver. Car effectivement, sa reformulation me semble déplorable. Du reste, ma peau ne le "retient" plus.

J'en suis venue à me racheter mon tout premier parfum, Cabochard de Grès. Et figurez-vous que je le trouve fidèle à mon souvenir olfactif ! Est-ce que je me trompe ? Vous semble-t-il possible qu'une femme de 50 ans le porte aujourd'hui ?

Vous dire aussi que je trouve ce fil très intéressant.

Six' a dit…

Anonyme,

Merci à vous!

Les avis divergent pour Mitsouko, dirait-on... l'expert Luca Turin proclame que la formulation moderne est très bonne, mais des clientes fidèles ne la supportent pas, par contre. J'imagine qu'il y a une question de sensibilité (que ça écorche les narines, quand un parfum adoré n'est plus fidèle à son souvenir!), contre une question de faisabilité technique: reconstruire un chypre quand sa matière de base est à présent sévèrement limitée, c'est un tour de force...

Ce que vous dites de Cabochard m'étonne, il a pourtant tellement changé, de l'avis général (et du mien aussi, je dois dire)! Mais peut-être l'avez-vous porté sans discontinuer? Quand un parfum est progressivement reformulé au fil du temps, on tend à ne pas le remarquer, la surprise vient juste de la comparaison d'échantillons de différentes époques.

Ceci dit, même si le Cabochard actuel est différent de l'original, il reste un très beau parfum! D'autant plus que les chyprés-cuirs sont bien rares aujourd'hui...
Donc, ne boudez pas votre plaisir!

Merci de votre visite!

Anonyme a dit…

J'ai porté Fleurs de Rocaille depuis 1965 jusqu'à la fin des annnées 80, à la date de la nouvelle reformulation. Le nombre des parfums que j'ai aimé et utilisé est minime compte tenu de mon âge ( 63 ans), il doit m'intriguer je dois le "trouver" : Fleurs de Rocaille et Eau d'Issé Miyaké, un peu First de Van Cleef. Je voudrai retrouver les senteurs de l'ancienne formule de Fleurs de Rocaille, est-ce possible et comment,

Daniela a dit…

Est-ce que les parfums Caron - N'aimez que moi, French Cancan et Lady Caron ont ete reformules?Je viens de les decouvrir , mais comme je ne connais pas leur versions vintage, je me posse la question...
En ce qui concerne Farouche de Nina Ricci, je me rappelle de lui depuis mon enfance et j'aimerais l'acheter,mais il est considere de collection, vendue dans un flacon cher et je ne sais pas si ca vaut (en cas ou il a ate reformule). Si c'est le meme, j;aimerais l'avoir.
Merci d'avance pour votre oppinion

Anonyme a dit…

Est-ce que les parfums Caron - N'aimez que moi, French Cancan et Lady Caron ont ete reformules?Je viens de les decouvrir , mais comme je ne connais pas leur versions vintage, je me posse la question...
En ce qui concerne Farouche de Nina Ricci, je me rappelle de lui depuis mon enfance et j'aimerais l'acheter,mais il est considere de collection, vendue dans un flacon cher et je ne sais pas si ca vaut (en cas ou il a ate reformule). En plus je n'habite pas en France, je ne peux pas le sentir avant... Si c'est le meme, j;aimerais l'avoir.
Merci d'avance pour vos oppinions

Emsi a dit…

Quel passionnant article ! J'y trouve d'intéressantes réponses à la question que je me pose depuis des dizaines d'années sur les reformulations. Je ne ferai qu'un reproche à cette page, et cela n'en concerne que la forme, c'est la typo d'un gris un peu clair pour les yeux à lunettes !Et les liens sont quasiment illisibles tant qu'on ne les sélectionne pas.
J'ai été particulièrement sensible au passage sur les marques qui utilisent l'ancien nom pour une composition qui n'a strictement rien à voir : vous pouvez ajouter à vos exemple celui de Fashion, de Leonard, qui a diamétralement changé dans les années 80 (flacon, senteur...), au point d'être véritablement un tout autre parfum; Dès lors, conserver le nom est à la limite de la mystification, aussi contestable que celle, inverse mais tout aussi trompeuse, courante chez les éditeurs de livres de cuisine, qui consiste à publier un livre avec un nouveau titre, mais... le même contenu (je ris en pensant à la tête d'un grand parfumeur parisien en voyant mettre une de ses créations sur le même plan qu'un livre de cuisine !!!)
Il me semble qu'une maison de parfum ne sort pas grandie d'une pareille pratique. Et comme on ne peut pas s'adresser à elle comme on le ferait pour un autre produit, et qu'il n'y a aucune adresse sur l'emballage des flacons pour exprimer une éventuelle remarque au créateur du produit (snobisme oblige ?), on est donc mis devant le fait accompli.
Il me semble pourtant qu'au prix où sont vendus les parfums (prix que je ne conteste pas forcément), l'utilisateur (qui au passage fait vivre la maison éditrice du parfum) pourrait tout de même se faire entendre, sans pour autant tomber dans le "vulgus populus" (grande crainte je suppose des parfumeurs haut de gamme).
Merci donc pour votre article, que je conserve soigneusement
Emsu