[Avis] Nuits Indiennes - Jean-Louis Scherrer

C'était le Noël 1994.

Cette année-là, mes parents avaient décidé de nous offrir une surprise, à ma petite soeur et à moi: un parfum pour chacune, qu'ils avaient eux-mêmes choisi. Pari risqué, mais...

Ma soeur, amoureuse de la nature, des senteurs vertes et florales, reçut Eden de Cacharel, qui était effectivement tout à fait "elle".

Et pour moi, ce fut Nuits Indiennes, de J.-L. Scherrer.



Notes de tête : bergamote, citron, mandarine, pêche
Notes de cœur : jasmin, muguet, lilas, héliotrope
Notes de fond : santal, benjoin, fève tonka, civette


Luca Turin, dans son Guide, qualifie Nuits Indiennes de "parfum poli et flou", parle de "demi-teintes vanillé très Guerlain", un parfum "assez beau mais, somme toute, ennuyeux".

Ennuyeux?
J'ai peut-être du mal à être objective, mais ce parfum me transporte.

Sur le papier, les notes de coeur pourraient paraître très florales et fraîches, avec le muguet et le lilas, mais à mon nez, elles ne viennent en fait qu'enrober joliment un jasmin très velouté, l'héliotrope apportant juste une légère touche poudrée. Les notes de fond, d'une merveilleuse chaleur, transparaissent très rapidement dans les notes de coeur, pour composer un oriental suave, à la sensualité présente mais maîtrisée, toute en élégance. Au fur et à mesure que les notes florales s'estompent, le sillage benjoin-tonka, chaud et légèrement vanillé, nuancé de santal et d'un reste de jasmin, prend toute son ampleur, une infime pointe de civette y ajoutant une nuance de profondeur presque imperceptiblement animale.

Parfum d'une féminité absolue, épanoui, un velours mêlé de soie qui a la couleur et la richesse du bronze... Nuits Indiennes fut, pour moi, une révélation, du haut de mes presque-seize-ans.
Je l'ai porté avec parcimonie, comme un bijou précieux. Mon flacon est encore au tiers plein, mais si les notes de tête se sont gâtées, le reste du parfum est encore parfait.

Prise d'un accès de nostalgie, j'ai choisi Nuits Indiennes comme parfum du jour, pour ce Noël 2007.
"Qu'est-ce qu'il sentait bon, ce parfum", m'a redit ma soeur aujourd'hui. "Ou alors je l'associe peut-être à une belle période."

Peut-être est-il aussi trop tissé de souvenirs pour que je puisse le juger objectivement... Quoi qu'il en soit, il reste, je crois, le parfum que j'emmènerais sur une île déserte.


Maison: Jean-Louis Scherrer
Créateur: Nathalie Feisthauer
Année de création: 1994
Famille: oriental-vanillé
Retiré de la vente. Remplacé par "Nuits de Scherrer", qui m'a paru très similaire en tout cas lors d'un test rapide.

Source image: Parfum de Pub

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir,

Encore une très belle chronique, touchée par la grâce, comme on peut l'être - mais si rarement - par un parfum. C'est cette idée d'envoûtement qui ressort de votre texte...
C'est curieux, mais une vendeuse de chez Douglas à Dieppe m'a fait sentir Nuits Indiennes il n'y a que quelques mois. Je ne le connaissais pas du tout. Je lui avais confié que j'aimais Lutens, Goutal, Guerlain. Je n'ai pas "accroché", peut-être à cause de certains accords floraux ? Peut-être trop classique ? Mais je dois reconnaître que c'est un jus enveloppant, raffiné, et injustement méconnu.
J'ai en cette veille de Noël choisi de porter l'Heure Bleue. Comme une bouffée de nostalgie. Je l'ai découvert l'année de mes 21 ans, cela fait donc... un peu plus de deux décennies (gasp !). Coup de foudre ! Je l'ai porté sous toutes ses formes (il existait alors une vaste gamme pour le bain, notamment) et en ai toujours eu un flacon sous la main (en ce moment, l'EDP). Mais je suis un peu triste de devoir m'avouer que "ce n'est plus moi". Comme un vêtement aimé mais devenu trop petit ou trop grand pour être porté sans gêne. Il est devenu "distant", tel un grand amour appartenant au passé et contemplé de loin. Mes goûts ont en outre évolué, et les souvenirs qui lui sont attachés ne sont pas forcément tous agréables...
J'ai, comme alternative en ces mois froids, "l'Eau Trois", mais je commence à le trouver bien austère...
Je fonde de grands espoirs sur Muscs Koublaï Khan ! Dire que je ne pourrai pas en prendre possession avant la fin de la semaine ou la semaine prochaine ! Il y a quelques années, aux Salons du Palais-Royal, ma peau lui avait fait bon accueil. C'était bien les muscs lactés qui se révélaient. Espérons qu'elle n'aura pas changé d'avis :-) !

Je vous souhaite un très joyeux Noël. Quels parfums demain sous le sapin ;-) ?

delphine LB - photographie a dit…

j'ai toujours ce sentiment en pensant à ce parfum qui m'a aussi accompagné quelques années...
il existe "nuits" tout court mais je ne suis pas sûre d'y retrouver tout ce que j'aimais...

Six' a dit…

Elle,

Au fil du temps, et au fil des essais des parfums, je suis d'autant plus convaincue que Nuits Indiennes était vraiment un excellent parfum, enchanteur et élégant... Nuits tout court m'a semblé très similaire, mais je n'ai jamais osé pousser plus en avant!

Merci d'être passée ici! :)

Sun a dit…

Glups... quelle nostalgie!
Ce texte est parfaitement écrit mais surtout étrangement lié à ce que je ressens.
En réalité, quand j’étais adolescente ma mère portait ce parfum.. puis elle a changé..
Je l'ai vite adopté, il me collait, à moi aussi, parfaitement à la peau!
J'ai réussi à en dégotter un dernier, il y a quelques années: vieux reste de stock, qui ne me dura pas éternellement.
Aujourd'hui je désespère.
Je n’ai plus rien mis pendant longtemps.. quelques tests d’échantillons de temps à autre... puis est arrivé Narcisso Rodriguez.. et un retour aux échantillons (actuellement j’hésite chez Givenchy).
Les parfums s'estompent vite : ceux qui restent sur la peau une journée entière sont "trop" au matin..
Bref, j’ai comme un étrange sentiment d’abandon, et du coup je ne trouve pas LE parfum : celui que je ferai mien.
D'ailleurs c'est pour cela que je suis tombée sur ce texte...

Six' a dit…

Sun,

Comme je vous comprends.... il est si difficile de perdre "son" parfum, quand on s'y est identifié, quand il s'est tellement mêlé de souvenirs qu'il devient partie de soi...

Quant à en trouver un autre, j'avoue que je n'ai pas encore trouvé un équivalent... je sais en tout cas que L'Heure Bleue de Guerlain m'a donné des émotions similaires, mais il marque malgré tout son âge, et il demande une certaine adaptation.... ou dans un registre un peu similaire à Nuits, bien que moins oriental: Sublime de Patou?

En tout cas, j'espère que vous trouverez bientôt votre parfum!

BOLLYWOOD-HOLLYWOOD a dit…

BONJOUR
OU EST CE QUE JE POURRAI LE PROCURER?
MERCI D'AVANCE

Anonyme a dit…

Je l'ai vu/senti chez Sephora: http://www.sephora.fr/Parfum/Parfum-Femme/Nuits-Indiennes-Eau-de-Toilette/P1191008

Anonyme a dit…

Moi je l'ai vue sur Nocibé et je vais le commander.
Je l'avais senti aux Galeries Layettes à Metz en 1994. Et puis..... disparu...
Moi le revoilou....
Merci Caron....

Anonyme a dit…

Voilà un parfum que j'ai longtemps porté puis, lorsqu'il a disparu, j'ai été contrainte et forcé de m'en passer (...).
Cela fait quelque temps à présent qu'il est à nouveau en vente dans certaines parfumeries et je n'ai pas manqué l'occasion de me le réoffrir, j'ai tant de beaux souvenirs avec ce parfum.
Personnellement, je suis une adepte de la marque J-L. Scherrer, une inconditionnelle de J-L Scherrer 2, que j'aime autant que Nuits Indiennes.
Nuits Indiennes est un parfum qui a beaucoup de classe et surtout, une excellente tenue.
Un oriental comme je les aime.
Grande Maison mais hélas qui n'a jamais eu le succès qu'elle mérite...