Ce qui saisit le plus, dans tant de parfums de Jean Patou, c'est cette impression d'extrême qualité. Tout en eux, de la construction solide aux matériaux manifestement excellents, respire une élégance presque palpable.
Mis à part les classiques Joy et 1000, les références vont et viennent chez Patou, hélas, et la gamme ne comporte plus actuellement que cinq parfums... bientôt quatre.
Parmi eux figure Sublime, créé en 1992, soit toujours à la grande époque de Jean Kerléo, nez-maison chez Patou de 1967 à 1998 et qui allait ensuite fonder l'Osmothèque à Versailles.
Sublime était conçu, à sa création, comme un oriental doux, radieux "comme un rayon de soleil", qui s'éloignait ainsi des bouquets floraux pour lequel la maison était connue.
"Sublime"... il fallait oser donner un tel nom à un parfum. Et, autant le dire d'emblée, la composition de Jean Kerléo relève brillamment le défi. Dès que j'ai glissé le nez dans le Monclin - ce verre à senteurs qui, dans la boutique parisienne de Patou, permet de découvrir chaque fragrance dans son plein épanouissement - ça a été le coup de foudre.
Notes de tête: essence de mandarine jaune d'Italie, essence d'orange, essence d'ylang ylang des Comores
Note de cœur: essence de rose Damascena, absolu de jasmin d'Egypte, accord de muguet
Notes de fond: essence de santal de Mysore, essence de vétiver d'Haïti
C'est que Sublime réussit le tour de force de concilier des aspects à première vue très disparates.
Les premières notes pourraient laisser croire à un oriental discret et poli, doucement ambré, arrondi par une petite touche d'écorce de mandarine confite... puis arrive un formidable accord d'aldéhydes et de vétiver qui vient s'y juxtaposer.
Les aldéhydes, puissants, lumineux, semblent véritablement effervescents - ils ont le pétillement intense, presque piquant de... l'eau de Perrier! Le vétiver, lui, leur apporte sa solidité rigide, un peu amère... Et le mariage contrasté de ces deux facettes d'égale dignité, l'ambré doux et le vétiver martial, est absolument remarquable, dans tous les sens du terme.
Un cœur floral jasminé vient alors s'insinuer entre elles, les relier, tout en leur conservant leur identité distincte. Très élégant, il a une allure classique, qui me semble légèrement marquer son âge - l'effet, faute de meilleur terme, est un peu "dame".
Il se prolonge longuement, tandis que les aldéhydes s'effacent peu à peu, et finit par se fondre dans un fond ambré-vanillé-santal, solaire, réchauffé par une pointe de civette qui lui donne une profondeur délicieusement sensuelle.
La différence entre les deux concentrations proposées n'est, à mon nez, que légère. S'il fallait vraiment les distinguer, ma foi... parfois, il me semble que dans l'eau de toilette, la pétillance des aldéhydes est un peu plus marquée, plus durable, le vétiver plus présent, tandis que l'eau de parfum, quoique très proche, me paraît un peu plus ambrée, plus compacte et plus ronde... Et parfois, je ne sens pas de différence du tout!
Quant à la rémanence, elle est très bonne en eau de toilette, excellente en eau de parfum.
Au sujet de Sublime, Luca Turin - encore lui - n'a pas hésité à parler du chef d'œuvre de Jean Kerléo. C'est tout dire.
Il semble aujourd'hui s'être ravisé, et pense qu'il y a pu avoir reformulation. Chez Patou, on m'a assuré que la formule était inchangée... et si vraiment le Sublime actuel est moins que ce qu'il a pu être, j'ose à peine imaginer les sommets auxquels il pouvait alors atteindre.
Tel qu'il est aujourd'hui, en tout cas, Sublime, à la fois parfum d'amazone, parfum de dame chic et parfum de femme sensuelle, est vraiment de toute beauté.
Un joyau de plus sur l'étincelante couronne de la maison Patou.
Maison: Jean Patou
Créateur: Jean Kerléo
Année de création: 1992
Famille: semi-oriental floral
Disponible en Eau de Toilette, vapo 50 ml (43 EUR) et 100 ml (60 EUR), et Eau de Parfum, vapo 50 ml (53 EUR) et 100 ml (71 EUR), en parfumerie (parfois difficile à trouver). Une gamme de produits coordonnés est disponible.
Mis à part les classiques Joy et 1000, les références vont et viennent chez Patou, hélas, et la gamme ne comporte plus actuellement que cinq parfums... bientôt quatre.
Parmi eux figure Sublime, créé en 1992, soit toujours à la grande époque de Jean Kerléo, nez-maison chez Patou de 1967 à 1998 et qui allait ensuite fonder l'Osmothèque à Versailles.
Sublime était conçu, à sa création, comme un oriental doux, radieux "comme un rayon de soleil", qui s'éloignait ainsi des bouquets floraux pour lequel la maison était connue.
"Sublime"... il fallait oser donner un tel nom à un parfum. Et, autant le dire d'emblée, la composition de Jean Kerléo relève brillamment le défi. Dès que j'ai glissé le nez dans le Monclin - ce verre à senteurs qui, dans la boutique parisienne de Patou, permet de découvrir chaque fragrance dans son plein épanouissement - ça a été le coup de foudre.
Notes de tête: essence de mandarine jaune d'Italie, essence d'orange, essence d'ylang ylang des Comores
Note de cœur: essence de rose Damascena, absolu de jasmin d'Egypte, accord de muguet
Notes de fond: essence de santal de Mysore, essence de vétiver d'Haïti
C'est que Sublime réussit le tour de force de concilier des aspects à première vue très disparates.
Les premières notes pourraient laisser croire à un oriental discret et poli, doucement ambré, arrondi par une petite touche d'écorce de mandarine confite... puis arrive un formidable accord d'aldéhydes et de vétiver qui vient s'y juxtaposer.
Les aldéhydes, puissants, lumineux, semblent véritablement effervescents - ils ont le pétillement intense, presque piquant de... l'eau de Perrier! Le vétiver, lui, leur apporte sa solidité rigide, un peu amère... Et le mariage contrasté de ces deux facettes d'égale dignité, l'ambré doux et le vétiver martial, est absolument remarquable, dans tous les sens du terme.
Un cœur floral jasminé vient alors s'insinuer entre elles, les relier, tout en leur conservant leur identité distincte. Très élégant, il a une allure classique, qui me semble légèrement marquer son âge - l'effet, faute de meilleur terme, est un peu "dame".
Il se prolonge longuement, tandis que les aldéhydes s'effacent peu à peu, et finit par se fondre dans un fond ambré-vanillé-santal, solaire, réchauffé par une pointe de civette qui lui donne une profondeur délicieusement sensuelle.
La différence entre les deux concentrations proposées n'est, à mon nez, que légère. S'il fallait vraiment les distinguer, ma foi... parfois, il me semble que dans l'eau de toilette, la pétillance des aldéhydes est un peu plus marquée, plus durable, le vétiver plus présent, tandis que l'eau de parfum, quoique très proche, me paraît un peu plus ambrée, plus compacte et plus ronde... Et parfois, je ne sens pas de différence du tout!
Quant à la rémanence, elle est très bonne en eau de toilette, excellente en eau de parfum.
Au sujet de Sublime, Luca Turin - encore lui - n'a pas hésité à parler du chef d'œuvre de Jean Kerléo. C'est tout dire.
Il semble aujourd'hui s'être ravisé, et pense qu'il y a pu avoir reformulation. Chez Patou, on m'a assuré que la formule était inchangée... et si vraiment le Sublime actuel est moins que ce qu'il a pu être, j'ose à peine imaginer les sommets auxquels il pouvait alors atteindre.
Tel qu'il est aujourd'hui, en tout cas, Sublime, à la fois parfum d'amazone, parfum de dame chic et parfum de femme sensuelle, est vraiment de toute beauté.
Un joyau de plus sur l'étincelante couronne de la maison Patou.
Maison: Jean Patou
Créateur: Jean Kerléo
Année de création: 1992
Famille: semi-oriental floral
Disponible en Eau de Toilette, vapo 50 ml (43 EUR) et 100 ml (60 EUR), et Eau de Parfum, vapo 50 ml (53 EUR) et 100 ml (71 EUR), en parfumerie (parfois difficile à trouver). Une gamme de produits coordonnés est disponible.
7 commentaires:
J'ai longtemps porté Sublime, je l'ai infiniment aimé. Pendant des années. Comme une signature. Et puis Sublime a changé dans sa composition, à moins que ce ne soit mon nez... Nous nous sommes désaimés. Je garde pourtant la nostalgie de son sillage si sublime.
J'aime beaucoup la manière dont tu en parles. C'est tout à fait ça. Mais à l'époque où je le portais, je n'avais pas perçu toutes les facettes que tu développes et qui me paraissent évidentes en te lisant.
Ton billet fait resurgir en moi des émotions oubliées. Merci
J'aime énormément Sublime, que j'avais négligé à sa sortie pour une raison futile: je n'aimais pas la campagne publicitaire mettant en scène Alessandra Martinez (la connotation Lelouch, pour moi, c'était fatal). Le côté "bulles de Perrier" que vous soulignez m'a toujours énormément frappée: il me fait l'impression de rayons de soleil jouant entre des troncs d'arbre...
Je comprends que Sublime puisse devenir signature olfactive... il est si beau, et très riche, changeant. Ce que tu me dis semble aussi aller dans le sens d'une reformulation, effectivement. Je l'aime tant tel qu'il est, que je regrette de ne pas l'avoir connu encore plus beau...
D,
Je comprends bien; à vrai dire, il y a pas mal de parfums à qui je ne laisse aucune chance pour des raisons pas très sérieuses!
Je crois que c'est cette partie effervescente et assez rigide de Sublime qui me plaît le plus, elle est, pour moi, désarçonnante au départ, puis vraiment fascinante - mais votre image est nettement plus belle que celle qui m'était venue à l'esprit!
bonjour,
une question,
si vous lisez mon comment,
peut-on estimer qu'une miniature de ce parfum date d'avant sa reformulation?
Merci
Soph,
Ca n'est que le manque de temps qui m'ait fait un peu perdre de vue ce blog ces derniers mois, mais j'y reviens! :)
En fait, il n'est pas certain qu'il y ait eu reformulation - et si elle a bien eu lieu, on ne sait pas vraiment à quelle date, d'autant plus que le flacon n'a pas changé... donc pour moi, impossible à dire! En tout cas, dans son état actuel, il est splendide...
Merci d'être passée ici! :)
de rien c'est un plaisir!
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