[Avis] Love, Chloé - Chloé





Si le tableau général est franchement morose, cette rentrée parfumée en mainstream nous a aussi réservé quelques agréables surprises, comme Love, Chloé.

Quand on pense que l'ancien Chloé éponyme était une tubéreuse grand teint.... mais depuis son retour à la parfumerie après plusieurs années d'absence, la maison semble avoir viré de bord et mis le cap sur la Carte du Tendre.
Son nouvel éponyme, lancé en 2008, était un bouquet fleuri romantique, petit ruban et "égéries" aux allures de néo-rosières. Le trio d'Eaux de fleurs qui a suivi - Capucine, Lavande, Néroli - poursuivait dans un registre très "langage des fleurs"... en voulant apparemment se positionner cette fois dans la haute parfumerie, mais sans la qualité correspondante, pour des tarifs très (trop) ambitieux.

Leçons tirées? La maison revient à présent au parfum réellement grand public, mais toujours dans la même veine rétro-tendre: avec Love, Chloé, on se glisse dans la chambre pastel d'une jeunesse qui a été chiper la poudre de riz de sa mère.




C'est que ce nouvel opus est l'un de ces parfums-cosmétiques qui vous rappellent invariablement qui un poudrier, qui une crème de jour. Mais s'il marche sur un sentier balisé, il apporte pourtant au genre une certaine fraîcheur: rétro, oui, mais pas vieillot.  

Les premières notes sont, précisément, fraîches, assez lumineuses et nettement soulignées de baies roses; quant à la fleur d'oranger promise en tête, elle se fait discrète, ressemblant plus à un léger arôme pour nourrissons. En fait, c'est l'effet poudre-talc qui domine pratiquement depuis le début, un poudré clair, soutenu au point de friser le crayeux, et plutôt dense. 

En cœur, un joli bouquet dragée se devine sous le nuage talqué, un bouquet très fondu où domine une héliotropine lissée, doucement sucrée. A vrai dire, Love, Chloé donnerait presque l'impression d'être l'une de ces poudres parfumées dont les coquettes du XVIIIe siècle saupoudraient généreusement leurs perruques. On pense aussi, forcément, aux pionniers N'Aimez Que Moi de Caron et surtout à l'Ombre Rose de Brosseau, mais le nouveau Chloé n'a ni l'élégance joliment désuète du premier, ni la rose moelleuse du second: nuancé d'oranger, il est plus lumineux, plus blanc... un peu crissant, aussi. Il y a quelque chose d'un peu trop vif, de presque strident au départ, dans cette densité talquée. Mais cette dissonance s'apaise au fil des heures, et la fragrance se termine paisiblement sur sa lancée poudrée, adoucie en fond d'une facette baumée.

Certes, Love, Chloé répète en grande partie ce que d'autres ont déjà dit, et mieux. Par exemple, même s'il n'appartient pas vraiment à la famille poudrée, le récent Musc de Mona di Orio explore la même veine cosmétiquée-héliotrope-baumée avec bien plus de finesse... mais pourquoi bouder son plaisir? Sur le marché de la grande distribution, Love, Chloé reste une jolie exception: un parfum distinctif, à l'image marquante. En l'occurrence, celle d'une jeune fille en fleurs rêveuse, dans un boudoir rose thé.



Notes de tête: fleur d'oranger, poivre rose
Notes de cœur: lilas, jacinthe, glycine, héliotropine, notes boisées
Notes de fond: poudre de riz, accord talc, iris, muscs

Maison: Chloé
Créateur: Natalie Gracia-Cetto et Louise Turner
Année de création: 2010
Famille: floral poudré
Disponible en Eau de Parfum, vapo 30 ml (53 EUR), 50 ml (72 EUR) et 75 ml (92 EUR); une gamme de produits coordonnés est disponible. En parfumerie.

[impression personnelle] tenue ++- sillage ++


Images: flacon via Geurengeroe; photos Ellen Von Unwerth pour le magazine Lula, #2  (via Endlessdreamsofmine).

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