Cinq journées où des acteurs du monde de la beauté, au sens large (des beaux-arts aux cosmétiques, en passant par - vous l'aurez deviné - le parfum) ont organisé de multiples manifestations un peu partout dans la capitale.
Impossible bien entendu d'assister à tout, mais j'ai pu participer à plusieurs événements, dont certains étaient à vous ravir une perfumista.
Petit compte-rendu.
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Faut-il encore présenter Olfactive Studio? Le projet de longue haleine lancé par Céline Verleure (qui a œuvré aux parfums Kenzo puis lancé le site Osmoz, excusez du peu) est sur toutes les lèvres des amateurs de parfums ces derniers temps. La fondatrice avait d'ailleurs impliqué lesdits amateurs dès la genèse du projet, avec une page Facebook dédiée (Le Blog du parfum qui n’existe pas (encore)). L'interaction était à la base du concept, au point d'organiser une rencontre entre des internautes participants et les parfumeurs...
Deuxième axe de la marque, la synesthésie, érigée en postulat. Pour chacune des trois fragrances, le brief sur lequel les parfumeurs devaient se baser se réduisait à... une photo. Et tout, noms, packaging, flacons, jusqu' à un tirage du cliché inspirateur glissé dans la boîte, rappelle le monde de la photographie. C'est diablement bien pensé. Et olfactivement, le résultat est intéressant.
Les trois s'inscrivent peu ou prou dans le registre du boisé-épicé-orientalisant, présentent un air de famille certain, et ciblent manifestement un public d'amateurs de la parfumerie de niche, sans être d'accès trop escarpé.
Still Life est le plus joyeux de tous avec sa facette hespéridée, une note de yuzu dont l'agréable acidité dure assez longtemps... pour dévoiler un boisé sec ponctué de poivres, avec un souffle de rhum.
Chambre Noire est, à en croire les avis ça et là, le plus populaire. Une ouverture de violette, un petit côté Prunol, un fond de cuir, une volée de bois secs (leitmotiv de la gamme)... alangui, épanoui, le parfum correspond bien à cet instantané d'une soirée égyptienne, vue d'une chambre d'hôtel, qui l'a inspiré.
Autoportrait est peut-être mon préféré des trois, sec et austère, avec sa dominante poivrée-citronnée d'élémi, sur fond durable de cèdre et d'encens. Un parfum sobre et dépouillé, un parfum noir. Plus que recommandé aux amateurs d'encens.
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André Holley, neurophysiologiste, a apporté son regard scientifique sur le fonctionnement de l'olfaction, en se penchant notamment le caractère inné ou acquis de l'impression de "bonne" ou "mauvaise" odeur.
Enfin, un sympathique jeune parfumeur, Quentin Bisch, en dernière année à l'école Givaudan, a présenté... ma foi, le parcours du combattant de l'aspirant-nez qui ne passe pas par la case chimie! Avec les grandes lignes du métier de parfumeur: formation, fonctionnement du marché, les briefs...
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Indienne d'origine, Neela est aussi une vraie perfumista, depuis toujours. De là à vouloir rendre hommage à l'histoire de son pays à travers des fragrances, le cheminement était logique...
Tout aussi logique, le choix du parfumeur: qui aurait été plus approprié que Bertrand Duchaufour, grand voyageur qui connaît l'Inde intimement?
Trois fragrances ont ainsi été créées, référant chacune à une grande période de l'histoire indienne. Et toutes sont de très grandes réussites, parmi mes plus belles découvertes de 2011. J'y reviendrai plus longuement au moment où les parfums seront officiellement disponibles (tout bientôt), mais en guise de mise en bouche, laissez-moi juste vous citer les trois créations:
Bombay Bling!, l’Inde moderne sauce Bollywood. Un parfum fuschia, fluo, délibérément outrancier, qui pose un très bel accord mangue verte-litchi sur un cœur fleuri opulent, bordé de notes épicées et tabacées. Bien plus intéressant qu'on ne pourrait le croire.
Mohur: les dominations étrangères, des Moghols aux Britanniques. Hommage à une impératrice moghole qui aurait inventé les attars de rose, la fragrance joue naturellement de cette fleur, la baumant à l'extrême. Des accents poudrés, cuirés, épicés viennent l'enlacer, quelques gouttes de lait d'amande l'adoucir. C'est ravissant, tendre mais élégant, et j'y retourne de plus en plus souvent.
Trayee, enfin, a été un coup de foudre absolu. C'est l’Inde védique qui est évoquée ici, celle de la quête spirituelle, des rituels. Un accord ganja (!) en tête, un tourbillon d'épices maîtrisées (cannelier, safran), de l'encens et des bois (du véritable santal Mysore!), un fond résineux, moelleux... Trayee est un parfum extrêmement riche, très évolutif. Et de toute beauté.
Affaire à suivre, très prochainement....
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Bien d'autres manifestations encore étaient organisées, trop pour pouvoir tout suivre... mais ce cru 2011 a été riche en belles découvertes.
J'attends déjà l'édition 2012...
1 commentaire:
Bonsoir,
Avez-vous essayé Lumière blanche qui est je crois leur dernière création? Contre toute attente, je l'apprécie beaucoup. Ce n'est pas que j'avais des doutes sur la qualité, mais cette proposition d'une fragrance "laiteuse", un peu alimentaire, sans être lourde cependant, me laissait perplexe. Il me fait penser à Bois farine, même si les composantes sont différentes, il a le même coté rond, une sensualité douce et assez discrète (quoique bien présente selon mom ressenti). Les notes de fond sont les plus intéressantes, il devient alors très envoloppant.
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