[Avis] Poison - Christian Dior


Pour beaucoup, Poison de Christian Dior est devenu synonyme d'invasion olfactive.

C'est qu'à sa création en 1985, le succès de ce vénéneux élixir fut tout à fait fulgurant. Poison était partout (il s'en est vendu, paraît-il, jusqu'à un flacon toutes les 50 secondes), et ses amatrices les plus enthousiastes n'hésitaient pas à s'en vaporiser un peu trop généreusement... La petite histoire veut même que certains restaurants new-yorkais - d'autres disent français - l'interdirent pour permettre à leur clientèle de déjeuner en paix.

Pourquoi un tel succès?

Premier parfum de la maison dont le nom ne soit pas une variation de "Dior" (à l'instar des précédents Diorling, Diorissimo, Diorama, Miss Dior, etc.), Poison, composé par Edouard Fléchier (Acqua di Gio d'Armani, Lys Méditerranée et Une Rose... de Frédéric Malle), se voulait être en rupture avec la tradition des parfums Dior, et même avec la parfumerie traditionnelle... et rupture il y eut!


Notes de tête : coriandre, piment, prune, anis étoilé
Notes de coeur : rose, tubéreuse, oeillet, cannelle
Notes de fond : ambre, santal, opoponax, musc



Poison est, à tout le moins, un bouquet capiteux à l'extrême, opulent et sucré.
Son "secret"? Les damascones, volontairement surdosées. Ce sont ces puissantes molécules, qui venaient à l'époque d'être isolées à partir de l'huile essentielle de rose, qui donnent à Poison cette tonalité fruitée, épaisse et moelleuse, qui rappelle le pruneau.
Cette note fruitée domine en tête, mêlée aux épices qui lui donnent du relief sans s'affirmer distinctement par elles-mêmes, la coriandre juste un peu plus remarquable.
Elle se poursuit, juste un peu tempérée, dans les notes de coeur, où elle se fond dans un bouquet floral de tubéreuse et de roses épaissies par les damascones, toujours nuancée par les épices.
Ce n'est que dans les notes de fond que cette sombre et dense tonalité fruitée finit par s'estomper, pour se finir dans un fond floral-ambré et sucré toujours.




L'effet global de Poison est celui d'un sirop, dans la consistance, avec sa tonalité sucrée et épaisse, comme dans la... couleur: flacon parfaitement étudié pour ce parfum qui évoque, de manière assez saisissante, la couleur prune.
"Poison" il est, peut-être, mais ce serait plutôt à la façon des philtres d'une Circé: il y a dans le puissant sillage de cette fragrance une séduction manifeste, voire théâtrale, mais alanguie, presque narcotique.

Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, Poison fait assurément partie aujourd'hui des classiques modernes de la parfumerie. Il peut au premier abord paraître daté, mais c'est, précisément, que son immense succès à l'époque a fait naître bien d'autres parfums du même style... et à présent que l'engouement est retombé et qu'Angel l'a détrôné du palmarès des parfums omniprésents et ô combien polarisateurs, il est certainement à revisiter.


Test de la version eau de toilette.


Maison: Christian Dior
Créateur: Edouard Fléchier
Année de création: 1985
Famille: floral - tubéreuse oranger
Disponible en eau de toilette, vapo 50 ml
(65 EUR) ou 100 ml (94 EUR), et en extrait de parfum, vapo 7.5 ml (96 EUR), en parfumerie. Un lait pour le corps coordonné est disponible.


Images: Christian Dior; publicité par Vincent Peters, 2002 (via John Coulthart).


2 commentaires:

Rafaèle a dit…

Bonsoir Sixtine,

Merci de rappeler Poison à nos mémoires ! C'est beaucoup de souvenirs pour moi. Je l'adorais ! Au milieu des années 80 (ça ne me rajeunit pas ;-) !), c'était la Poison-mania famiale : ma grand-mère et ma mère l'avaient elles aussi adopté ! L'originalité faisait rage ;-) ! Mais ça n'a pas duré très longtemps... Je me souviens aussi des orchidées en tissu vert offertes au stand Dior des Galeries Lafayette...
Je n'ai pas aimé ses déclinaisons, trop éloignées de l'original. Ton post me donne envie de le re-sentir... Il est reste peut-être un fond dans une armoire !

Bon week-end.

Six' a dit…

Trois générations portant Poison? Ca devait être quelque chose! ;)
(et je comprends mieux le succès foudroyant qu'il a eu, ta famille en est un bon exemple manifestement! ;))

J'ai été aussi pas mal déçue par toutes les déclinaisons de Poison - effectivement, au final, il y a plus similarité de noms et flacons qu'autre chose, sans rapport réel avec l'original... sauf Hypnotic que j'adore, tout brutal soit-il!