L'autre sortie de Serge Lutens prévue pour septembre, cette fois exclusive aux Salons du Palais Royal, s'appelle El Attarine.
Comme Serge Noire, ce parfum s'inscrit sur le parcours de Serge Lutens, mais remonte cette fois aux sources de l'inspiration de ses parfums: au Maroc, où il réside. El Attarine porte le nom de l'école coranique de Fès... mais si cette splendide medersa du XIVe siècle est ainsi nommée, c'est parce qu'elle jouxte le souk éponyme, le souk des épices et des parfums: "attarin" est le terme qui désigne, dans les pays arabes, "l'odoriférant", soit "tout ce qui peut reformer l’"atar": parfum, cœur, saveur, essence."
"Pas de segmentation entre olfaction et gustation", donc, "hormis celle qui décide à sentir ou dé́guster", poursuit le communiqué de presse. Et là réside véritablement l'âme d'El Attarine. Il embrasse le sens de l'odorat dans ses deux dimensions: senteurs, d'une part, goûts, ensuite. C'est un parfum gustatif... voire même culinaire. Et ce brouillage des frontières, déjà présent dans quelques autres parfums de Serge Lutens, est pour moi dérangeant, difficilement compréhensible.
A un bref éclair hespéridé succède rapidement une note de cumin, soutenue mais sans agressivité aucune, entrelacée d'autres épices et d'aromates qui l'étoffent. La senteur ainsi créée, bien que délicate, rappelle... les tajines en train de mijoter. L'impression qui s'en dégage est si culinaire, à vrai dire, que j'avoue avoir grand peine à me départir de fâcheuses associations carnées (!)
Derrière ce bouquet d'épices transparaissent des fruits séchés aux couleurs d'abricot, un mince filet de miel, et un petit je-ne-sais-quoi de poudreux qui, comme le faisait justement remarquer Aromamundi, rappelle le pollen.
Enfin apparaît la note promise, l'immortelle... mais elle est bien différente de son traitement tout en puissance dans Sables de Goutal (l'immortelle de référence?), et semble un peu en retrait, dans le sens où celles de ses facettes qui rappellent si intensément un curry arrosé de sirop d'érable salé sont émoussées. Ici, la fleur présente des accents secs et aromatiques, un peu amers, comme s'il s'agissait d'une brassée d'immortelles séchées, plutôt que de fleurs fraîches. Ces notes se prolongent tandis que les épices et le cumin s'estompent, et une ténue volute d'encens finit par venir les rejoindre.
Reste à mentionner une certaine tonalité florale, douce, en demi-teintes, qui couvre d'un voile translucide toute l'évolution de la fragrance.
Au premier essai, El Attarine m'avait rappelé l'allure de Santal de Mysore, ses relents culinaires et sa tonalité sucrée discordante dans une harmonie de notes sèches; un peu de l'esprit d'Arabie, aussi... mais en les comparant côte à côte, la différence est nettement plus grande que je ne l'avais cru, de mémoire. A la personnalité affirmée de ces deux derniers, El Attarine substitue une certaine subtilité, de la délicatesse, un poli dans le traitement des matières: il ne s'agit pas ici d'en mettre une, surdosée, en valeur. Le sillage est d'ailleurs discret.
Les descriptions officielles données pour El Attarine sont au final d'une grande justesse.
Jus solaire il se veut, et il l'est effectivement, dans la mesure où il donne l'impression de rassembler des matières - épices, fruits, immortelle - qui ont toutes été longuement séchées au soleil.
Et "pas de segmentation entre olfaction et gustation", disions-nous?
L'objectif est atteint... et c'est pourquoi ce parfum m'échappe, malheureusement. En septembre, j'irai plutôt m'abandonner aux austères délices de la Serge Noire!
Maison: Serge Lutens
Créateur: Christopher Sheldrake et Serge Lutens
Année de création: 2008Famille: oriental épicé
Disponible en Eau de Parfum, flacon 75 ml (110 EUR), exclusivement aux Salons du Palais Royal Shiseido et sur le site des Salons, dès septembre.
4 commentaires:
tut ce qui est décrit me fait très envie, je pense le commander en septembre, s'il ne me plait pas, je pourrais toujours le revendre mais à premiere vue je ne pense pas
J'avoue que ce parfum me laisse vraiment dans la confusion, au point que je peine à passer outre la simple question de goût personnel!
Il me semble en fait très bon, le brouillage olfaction/gustation traité avec beaucoup de délicatesse... mais je ne le comprends pas, il m'échappe! En tout cas, il est assurément tout sauf banal. J'espère qu'il vous plaira!
Je ne déteste pas ce parfum, je ne l'aime pas pour autant. Pour tout dire je le trouve trop léger.
Je le trouve très timide, et face à un Lutens, c'est assez désespérant.
La note de jasmin, qui faisait le seul attrait de Sarrasin, avait elle le mérite d'être persistente.
Là j'ai l'impression de sentir El Attarine à travers 75% de vide.
75% de vide + une odeur d'abricot et une odeur culinaire = un parfum bien inoffensif
I am very fond of perfumes and this one seems of my interest.
Souk El Attarine
Enregistrer un commentaire