Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les diverses concentrations proposées pour un même parfum - eau de toilette, eau de parfum, (extrait de) parfum - ne se limitent pas systématiquement à une simple différence de... concentration, qui affecte la ténacité de la fragrance ainsi que l'importance de ses notes de tête et de fond. Parfois, la composition même du parfum va varier, et la senteur présentera alors de réelles différences...
La question est complexe, et mériterait d'être abordée plus en détail - j'y reviendrai.
Insolence existait déjà en eau de toilette et en extrait; pour cette rentrée 2008, Guerlain ajoute à la gamme une eau de parfum, dans le même flacon-toupie décliné ici en mauve.
Pour mémoire, beaucoup de fidèles de Guerlain avaient été déçus par Insolence. Je lui avais pourtant trouvé des circonstances atténuantes: passé le chœur strident des fruits rouges en tête, mêlé à une note que beaucoup ont comparée à une odeur de laque pour cheveux, le reste de la composition était somme toute fort joli. La violette et l'iris, clin d'œil à Après l'Ondée, lui donnaient du charme, surtout en fin de tenue où, débarrassés des fruits, ils se faisaient nettement plus discrets, poudrés, presque baumés. Ces jolies notes de fond rappellaient que malgré les apparences, Insolence était bien, au bout du compte, un Guerlain...
Arrive à présent l'eau de parfum, censée s'être "concentrée sur l'essentiel pour révéler une note d'une densité sensuelle exceptionnelle."
Selon les premiers échos, la composition est, semble-t-il, effectivement différente: aux fruits rouges et à la fleur d'oranger de l'eau de toilette s'ajouteraient de la tubéreuse et une note "verte poivrée"...A mon nez, la parenté entre ces deux concentrations est étroite, mais des divergences sont malgré tout présentes. Les fruits rouges sont toujours là, sans plus de note de laque, tandis que la violette se tient en retrait par rapport à l'eau de toilette. Le coeur, s'il rejoint celui de l'eau de toilette, semble pourtant y ajouter un accent de floral blanc assez artificiel, dense et peu nuancé. En fond, les notes poudrées d'iris toujours ponctué de violette qui donnaient un charme très Guerlain à l'eau de toilette se sont évanouies.
Cette Insolence-ci semble plus épaisse, plus compacte, plus nettement synthétique, et globalement plus sucrée aussi, puisque le coeur tient plus longtemps. D'ailleurs, le contrat est parfaitement rempli à ce niveau: l'eau de parfum semble avoir la demi-vie de l'uranium. Quant au sillage, celui de l'eau de toilette était déjà puissant, celui-ci est encore bien supérieur... avec pour conséquence directe que là où l'eau de toilette ne faisait que flirter avec l'écoeurant, l'eau de parfum, elle, semble avoir décidé de passer aux choses sérieuses.
A vrai dire, on croirait presque que cette version eau de parfum a résolu d'abandonner ce qui rattachait encore Insolence à la tradition Guerlain, et a ensuite comblé les trous en puisant à la source de My Insolence.
Les premières critques, soulignant cet état de fait, faisaient paraître cette version d'Insolence si intentionnellement criarde que c'en devenait jubilatoire.
Malheureusement, le côté jubilatoire de la chose m'échappe.
Maison: Guerlain
Créateurs: Maurice Roucel et Sylvaine Delacourte
Année de création: 2008
Famille: fleuri-fruité
Disponible: en eau de parfum, vapo 30 ml (47 EUR), 50 ml (68 EUR) et 100 ml (97 EUR); en parfumerie.
7 commentaires:
c'est amusant, je l'ai juste testé aujourd'hui et j'avoue avoir beaucoup aimé. Je n'arretais pas de renifler mon poignet ce qui arrive de plus en plus rarement quand je fais des tests. Au debut, je l'ai trouvé tres rentre dedans mais il s'est vite adouci sur moi, pour un effet violette peau de pêche un peu sensation toucher de buvard,velouté du daim , feutrée, je ne m'étais pas arretée sur l'edt qui ne m'avait pas seduite a l'epoque, il faut que j'y remedie, pour un test comparatif
Apres avoir lu votre description, j'avais peur de le tester, tellement j'ai trouve Insolence (edt) ecoeurant... mais maintenant en lisant le commentaire de Vero, on dirait que ca craint peut etre pas autant que ca...je m'approcherais de la bouteille avec beaucoup de prudence quand meme...
Véro,
C'est peut-être simplement moi qui suis ronchonne ;)
Ce qui m'avait attirée dans l'edt était justement son fond violette-iris, alors que ses notes de tête me paraissaient trop criardes, et comme ce fond me parait étouffé dans l'edp... Je crois que c'est par comparaison avec l'edt que le cœur de l'edp me paraît épais et lourd... mais l'"écœurant" est très subjectif, évidemment!
Tara,
J'espère que cette edp évoluera bien sur vous! Comme je disais à Véro, après tout, l'"écœurant" est subjectif... pour moi, l'edt y échappait encore, comme quoi!
Merci d'être passée ici!
Je suis assez d'accord avec vero59 et personnellement j'aime beaucoup. Je le trouve très violette-iris poudré, moins fruits rouges que l'eau de toilette et virevoltant entre Après l'ondée, L'heure bleue et Farnésiana! Pour ce dernier, je viens juste de m'en rendre compte en sentant et ressentant mon poignet. Il est bien sûr très présent et je pense que c'est un parfum à porter plutôt l'hiver. A ressayer avec des pulls en mohair...
Agnès,
Ca alors! Je suis vraiment surprise, j'ai justement trouvé que le côté iris était étouffé dans cette version, bien plus que dans l'eau de toilette...
Et un parfum qui oscille entre L'Heure Bleue, Après l'Ondée et Farnésiana, ce serait un enchantement pour moi, quel dommage qu'il n'évolue pas comme ça sur ma peau!
Je crois par contre que je vois où vous et Véro sentez un côté crémeux - je vais adapter ma note en ce sens.
merci de vos commentaires, l'inspiration vous avez raison vient a la fois d'un clin d'oeil, a après l'ondée, heure bleue et météorites avec une note fruit rouge contemporaine, c'est vrai qu' au porter il est meilleur, soit on l'adore , soit cela ne correspond pas a son gout ! ce que je peux comprendre !,en tous les cas il ne laisse pas indifférent ,il est insolent ! a souligner qu'il
est hyper mémorisable
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