Sacrilège!
Donner le nom de "petite robe noire", Chanellissime, à un parfum... Guerlain?
Réutiliser le flacon, emblématique, de légendes comme L'Heure Bleue et Mitsouko, et l'affubler d'un griffonnage que ne renierait pas Kookaï?
Et tout ce recyclage éhonté de références pour abriter un parfum... gourmand?
Autant dire que, pleine d'une juste indignation, j'étais toute prête à détester La Petite Robe Noire, autre exclusif proposé par la maison Guerlain ...mais elle a refusé de coopérer.
Composition: citron de Sicile, réglisse, amande, rose, thé fumé, patchouli, musc, vanille
Avis aux sectatrices des divines créations de Ladurée, Pierre Hermé et consorts: en voici l'exacte traduction olfactive! D'emblée, cette Petite Robe Noire s'offre comme le plus exquis des macarons. Après le bref pétillement acidulé du citron, c'est une senteur absolument réaliste de macaron qui s'élève; l'odeur amandée-poudrée du biscuit est même accentuée - comment est-ce possible? - d'un rappel olfactif de son petit effet craquant.
La garniture de ce macaron est nettement fruitée, avec une note de cerise noire pâtissière bien présente (suggérée peut-être par l'amande, leurs senteurs étant proches?), mais je penserais aussi à d'autres fruits sombres, confiture de cassis, peut-être aussi une touche de framboise... le tout souligné d'une petite pointe de réglisse, qui nuance légèrement ce cœur de confiture de fruits sans trop s'affirmer. On y retrouve aussi une touche fleurie de violettes et de roses - voilà qui rappelle les merveilleux macarons cassis-violette de l'enseigne précitée... un délice!
L'évolution est très restreinte: c'est ce même cœur de macaron fruité, ponctué de touches fleuries, qui se poursuit encore et encore, des heures durant, de temps à autre revisité par une pointe acidulée-framboisée.
Sur la fin, la note de thé fumé vient s'insinuer sur la pointe des pieds pour assombrir quelque peu la confiserie par petites touches discrètes, lui donner de la profondeur, et elle en devient plus jolie encore.
Ce petit macaron rose (voilà qui aurait été un nom plus approprié!) est sucré, très sucré, certes, mais sans passer les bornes: il est somme toute assez léger dans son impression olfactive, je n'y trouve ni lourdeur, ni épaisseur pâtissière.
Pour une perfumista, La Petite Robe Noire avait, sur le papier, tout pour déplaire... mais le résultat est un régal, un vrai beau parfum, parfaitement équilibré et séduisant sous tous les angles - son sillage solide et son excellente rémanence ne gâtent rien.
Pourtant réfractaire aux gourmands, celui-ci m'a ravie, en particulier sa dernière phase, lorsque le thé apparaît - au point d'envisager un flacon! Et à en croire les réactions autour de moi, je ne suis pas la seule à avoir été convertie... LPRN semble pourtant en fait viser le cœur de cible girly d'Insolence, version chic. Voilà pour le côté "exclusif". Et il a tapé dans le mille: dans les espaces Guerlain des Galeries et autres Printemps, les flacons se sont d'arrachés comme des petits pains... ou des petits macarons?
Maison: Guerlain
Créateur: Delphine Jelk et Sylvaine Delacourte
Année de création: 2009
Famille: gourmand
Disponible en Eau de Parfum, vapo 50 ml (90 EUR), exclusivement dans les boutiques et espaces Guerlain.
Images: site de la Maison Guerlain, Ladurée
1 commentaire:
je suis d'accord! ma première impression était de "mûre fumée".
Chapeau à Guerlain d'avoir reussi un parfum sucré sans en faire un machin entêtant (Repetto a récemment tout raté dans le genre..)
Enregistrer un commentaire