[Avis] Ambre Orient - Armani Privé



La décision d'Armani Privé d'ajouter à sa gamme une collection orientale s'inscrivait probablement dans l'air du temps: il suffit de voir le nombre d'ouds qui déferlent sur le marché depuis plusieurs mois.
 
Là où le bât commence à blesser, par contre, c'est quand cette collection lorgne à un tel point sur celle d'une autre marque qu'elle risque le strabisme permanent. Pas besoin d'être grand clerc pour faire le rapprochement entre les Mille et Une Nuits d'Armani et les Arabian Nights de Kilian, à qui elle semble avoir emprunté jusqu'au contraste noir et or du flacon.

Mais là où, vraiment, on passe la frontière de l'impardonnable, c'est quand le contenu même du flacon ressemble fâcheusement à du copier-coller. Par la description alléchée, qui parlait ambre liquide, Shéhérazade et Avicenne, j'avais voulu découvrir Ambre Orient, par un décant d'abord. Mais au premier test, j'ai dû prévenir mon aimable expéditeur qu'il s'était trompé: à la place, il m'avait envoyé... Mitzah, le merveilleux ambre de la collection Couturier-Parfumeur de Dior.

Vous l'aurez deviné, il n'y avait pas eu confusion. 
Ambre Orient est à ce point proche de Mitzah - un parfum que je connais par cœur tant je l'ai porté - qu'il faut vraiment beaucoup de bonne volonté pour les distinguer l'un de l'autre. En cherchant bien, Ambre Orient est bien, c'est vrai, un tout petit peu moins beau, par un départ un peu plus plat, moins facetté, mais il finit par rattraper Mitzah en adoptant à sa suite, au fil des heures, ces petits côtés aromatique et fumé-salé, inhabituels, qui en faisaient tout l'intérêt...

L'idée de la copie sans autre forme de procès paraît énorme, d'autant qu'Ambre Orient est attribué au talentueux Fabrice Pellegrin. Et le phénomène de coïncidence de bonnes idées, d'une même nouvelle forme olfactive qui naît simultanément, est bien attesté, témoins Opium de Saint Laurent et Cinnabar de Lauder en leur temps... sans compter que la création d'un parfum, de la gestation à la mise sur le marché, prend bien des mois.
D'un autre côté, l'"inspiration" manifeste puisée chez Kilian ne plaide pas en faveur de la défense...

En tout cas, dans le doute, une chose est sûre: je choisis l'original.



Notes de tête: thym, encens
Notes de cœur: patchouli, oud, santal
Notes de fond: ambre, vanille

Maison: Armani Privé
Créateur: Fabrice Pellegrin
Année de création: 2011
Famille: oriental-boisé
Disponible en Eau de Parfum, vapo 100 ml (190 EUR) En points de vente sélectionnés, notamment dans les boutiques Armani, au Printemps Haussmann, aux Galeries Lafayette Haussmann et au Bon Marché.

[impression personnelle] tenue ++- sillage ++-


Images: flacon 100 ml (site d'Armani).

5 commentaires:

soph a dit…

je confirme, la ressemblance est frappante!

mutuelle swiss life a dit…

on dirait les mêmes

Anonyme a dit…

Senti hier sur le podium Armani au Séphora des Champs Elysées où un "spray boy" lourdingue a insisté pour m'en mettre sur le bras après l'avoir vaporisé sur une carte. Le résultat me semble plus brut de décoffrage, moins caressant et sophistiqué que Mitzah mais je constate effectivement une ressemblance. Même sensation avec "Rose Arabie" qui ressemble étrangement à Portrait of a Lady chez Frédéric Malle mais là encore avec moins de classe et de finesse. Du coup je n'ai pas essayé le troisième opus de cette collection orientale.

Anonyme a dit…

Ratage artistique et commercial complet pour la gamme Armani Privé dans son ensemble. Presque tous les parfums sont des "emprunts" à la concurrence (Ambre Soie à Ambre Sultan, Bois d'Encens à la série des encens de Comme des Garçons etc.) Rien d'unique et d'exceptionnel là dedans. A ce niveau de prix, il existe beaucoup mieux chez Lutens, Malle ou Goutal.

JulienFromDijon a dit…

uhm... Je souhaite intervenir après le précédent message d'anonyme.

L'accusation est trop grosse, et infondée.
Bois d'encens est une création originale, et un très bel encens. Il se rapproche très près de l'odeur même des cristaux d'encens blanc de haute qualité.
Les CdG ont leur pâtes propres. Et "Avignon", qui est l'encens de la série se rapproche le plus de l'encens blanc, est très différent de Bois d'encens. C'est une composition plus habillée, et moins centré sur l'idée d'un encens pur et naturel comme bois d'encens.
Ambre soie est très différent d'Ambre sultan. Et, en considérant que les ambres ont tendance à se ressembler, Ambre soie est très très différent d'Ambre sultan. Ambre sultan est construit autour de notes aromatiques puissantes (l'origan!). Ambre soie ne ressemble qu'à d'autre oeuvre de son auteure, Christine Nagel (Theorema chez Fendi), j'ai du mal à décrire Ambre soie : du patchouli, une note anisée qui structure l'évolution.

Rose Alexandrie m'a surpris, il est très joli. Très rose fraîche. Une qualité qu'ont rarement les huiles essentielles de rose. Ici, ça ne sent pas synthétique, alors que ça la rose l'est forcément. C'est très réussi.

Octavian Coifan a fait courir le bruit que parce que la ligne Armani Privé appartient à L'oréal, forcément les créations seraient des copies, et serait faites avec un budget ridicule pour le contenu.
Bon... Octavian Coifan, c'est un monstre mythologique, le chaînon manquant entre la langue-de-pute et l'expert objectif. Je l'aime autant que je m'en méfie.

Je veux bien croire que les autres parfums Armani Privé c'est pas bien, mais faudra que les commentateurs argumentent un peu (et pas de traviole).

Sixtine a raison.
Je pense qu'elle a raison si elle dit que Ambre d'orient ressemble à Mitzah (je n'ai pas vérifier).
Que l'histoire de la parfumerie, ou des inventions scientifiques, ont montré des exemples de ce genre d'étranges découvertes concomitantes et identique (Turin cite aussi "Calandre" et "Rive gauche"). L'hypothèse de la copie méchante reste possible, aussi.
Quand je sens Mitzah en magazin, je pense très fort à Bois des iles, et je désire bois des iles (à cause de la base ambre 83 en commun). Je n'ai pas découvert assez Mitzah pour m'en faire une idée distincte.
Alors imaginer ce que je pense de Ambre orient, qui ressemble à Mitzah, qui ressemble à Bois des iles.

Un autre point intéressant, pour rabaisser les méchancetés gratuites : Il y a de plus en plus de marques de niche, "confidentielles" (hic), et elles ont chacune expérimentée des parfums autour de la même note (ex : ambre, vetiver, tubéreuse...).
Des parfums finissent par se ressembler de très prêt, parce qu'il n'y a pas toujours 100 façon de traiter un ingrédient en solinote. La tubéreuse façon fracas fait se ressembler beaucoup de parfum. Le pire c'est la mode du bois de aoud (c'est synthétique) qui amène 10 fois le même résultat.
D'autant que les marques très récentes ne cherchent pas toujours à se démarquer par la qualité, ce qui rend flou le rendu, et moins discernable d'autres compositions.