Octavian a lancé un pavé dans la mare sur 1000Fragrances.
Résumons le problème: blogueurs, suppôts des marques? Influenceurs? Supports publicitaires?
Je n'avais jamais songé à le faire, la question ne se posant même pas pour moi, mais effectivement, je peux comprendre que les lecteurs s'interrogent. Alors, pour qu'il n'y ait aucun doute, je vais révéler les coulisses du présent blog. Notamment financières - parce qu'effectivement, finances il y a.
Les miennes.
La source
Quand je poste un avis sur un parfum, d'où vient l'échantillon / le décant / le flacon sur lequel je me suis basée?
Dans environ 85% des cas, je l'ai acheté moi-même, sur des sites de décantage ou via des achats groupés sur des forums parfum - les astuces que j'ai données récemment ici viennent d'une longue expérience de la chose.
Dans les 14,8% restants, j'ai appliqué des techniques de mendicité éhontées et bien rodées dans les Printemps, Galeries, parfumeries et autres Séphonnaud. Jusqu'à il y a peu, lesdits Séphonnaud acceptaient volontiers de vous faire de petits échantillons sur demande.
Restent les méthodes marginales:
- en cas d'indisponibilité d'échantillon (0,1%), aller se vaporiser jour après jour pour pouvoir se faire une idée suffisante du parfum;
- être contactée par une marque qui vous propose un échantillon (pas une palette de flacons, n'est-ce pas, un échantillon) de sa dernière nouveauté (0,1%): en trois ans, c'est arrivé une demi-douzaine de fois en tout et pour tout;
- chiffre statistiquement négligeable: écrire à une marque pour lui demander un échantillon - deux fois en trois ans, et l'une des deux fois, on n'a pas même daigné me répondre.
Cigarettes, whisky et p'tites pépées
Ah, la vie glamour du blogueur! Ses soirées privées, ses petits fours à la truffe, ses cadeaux par dizaines....
Manifestement, le phénomène existe dans la blogosphère en général, cf. la vidéo postée par Octavian.
De mon côté, les chèques et caisses de champagne semblent, hélas, tarder à arriver.
Plus sérieusement, les happenings pour blogueurs?
Je ne peux parler que pour la sphère parfum, mais oui, il y en a - très rarement. En trois ans, j'ai été invitée à deux présentations de parfums organisées par la marque, l'une effectivement plutôt glamour, l'autre simple et très technique, sur les coulisses réelles de la création d'un parfum, du brief au produit fini. Les deux fois, j'ai reçu un flacon entier du parfum en question.
Il y a eu aussi le Grand Prix du Parfum 2010, auquel j'ai eu l'honneur de participer.
Rien de corrupteur dans l'histoire, et en fait pas ciblé blogueurs non plus: il s'agissait de participer à une réunion assez informelle avec des professionnels pour élire ensemble un parfum qu'on jugeait bon, tout simplement. La participation des blogueurs se limitait aux débats proprement dits; un seul d'entre nous, tiré au sort, a été invité à la soirée de gala.
Bénéfice? Négatif, ça m'a coûté plutôt cher en tickets de train. (Et ça ne m'a toujours pas fait aimer Ricci Ricci).
Bénéfice? Négatif, ça m'a coûté plutôt cher en tickets de train. (Et ça ne m'a toujours pas fait aimer Ricci Ricci).
A part ça?
Rien.
Les marques se démènent manifestement pour certains grands blogs mode, dont les auteurs sont considérés comme des "influenceurs" à chouchouter. Pour autant que je puisse en juger, pour la sphère parfum francophone, ce n'est pas du tout le cas. Et je ne le souhaite pas non plus: ce n'est pas pour ça que j'écris ici.
Pourquoi un blog?
Quand j'ai créé ce blog, c'était dans un seul but: partager mon amour du parfum, tout simplement. Pas toucher le jackpot. Vous constaterez d'ailleurs qu'il n'y a pas une seule publicité sur ce site. En fait, comme je suis freelance, tout le temps passé ici serait plutôt une perte sèche...
Vous aurez remarqué aussi que je ne relaie pas les communiqués de presse, que je ne me borne jamais à annoncer un lancement, et que je fais presque systématiquement l'impasse sur les campagnes de pub et autres égéries. L'enrobage "com" ne m'intéresse pas.
Pourquoi alors des avis dans l'ensemble plutôt positifs?
Tout simplement parce qu'avant d'écrire un avis sur un parfum, je veux lui consacrer du temps, le porter plusieurs jours d'affilée, essayer de le comprendre. Vous imaginez l'exercice de masochisme pour un parfum que je trouve mauvais, sans compter le temps pris ensuite à écrire un avis détaillant pourquoi je le trouve mauvais... Pour un grand lancement, je suis prête à me l'infliger, bien entendu, mais pour un énième flanker, est-ce bien la peine? Et je me refuse à massacrer à la va-vite quelque chose que je ne me serais pas donné le temps suffisant de tester. Je préfère passer ce temps à parler de beaux parfums....
Incidemment, j'essaie aussi, dans l'ensemble, d'avoir le maximum d'objectivité - il y a des parfums qui ne sont absolument pas à mon goût personnel, mais qui sont de grande qualité. Malgré tout, mes goûts propres vont inévitablement jouer.... Mais que ce soit clair: même s'il y a des maisons avec lesquelles je me sens plus d'affinités, parce qu'elles sortent régulièrement des parfums que j'aime, je ne suis vendue à aucune. Et je n'ai pas non plus de relation personnelle avec un parfumeur qui puisse me rendre partiale.
En résumé, je ne fais, ici, que donner mes avis sincères sur les parfums, en tant que simple amatrice et consommatrice, avec sa subjectivité, sans autre rétribution aucune que le seul plaisir que j'ai à parler d'une de mes passions. Et j'espère que ce plaisir est partagé.
Remarque: tout ceci concerne ma propre situation personnelle et ma propre éthique, les seules évidemment dont je puisse parler avec certitude - ce qui n'implique aucunement que les autres blogueurs parfum francophones agissent autrement. Je ne me permettrais pas de parler pour eux, mais j'en ai rencontré plusieurs, et j'ai pu apprécier leur enthousiasme et leur intégrité.
21 commentaires:
Sixtine,
J'ai déjà rédigé plusieurs remarques à ce sujet sur 1000fragrances, je serai donc plus brève ici. En effet, comme tu le fais remarquer, les blogs parfums sont très loin d'être les plus chouchoutés. Etant ex-journaliste, et qui plus est basée à Paris, je suis plus souvent en relation avec certaines maisons, et plus particulièrement avec des parfumeurs dont j'admire le travail (l'admiration précédant le contact) par la force des choses. Mais pas plus (plutôt beaucoup, beaucoup moins) qu'un critique dans d'autres domaines artistiques. On ne reprochera jamais à ce dernier de recevoir un livre, un CD, une invitation à une projection ou à un vernissage: il s'agit là d'un accès à l'information, certes privilégié, comme en bénéficient les journalistes. Sauf que pas plus que toi je ne perçois le moindre fifrelin pour ça, même pas une pige minable au feuillet. A se demander si on n'est pas maso! ;-)
Je signale aussi au passage qu'aucun des entretiens réalisés jusqu'à présent par moi avec un parfumeur n'a été négocié via le service de presse, et qu'aucun n'a été relu/revu par quiconque avant publication.
Pas plus que toi, je ne me fais le relais de lancements ou l'écho pur et simple de dossiers de presse, bien que j'apprécie de retrouver ces informations centralisées sur un blog comme Now Smell This. De plus en plus de blogs "parfums" (les guillemets sont délibérés) de 2ème ou 3ème génération semblent s'en charger...
Je pense cependant que les blogs, disons plus experts, remplissent une fonction précieuse pour les marques, même si elles peuvent redouter des avis négatifs: nous leur fournissons gratuitement un entretien qualitatif bien argumenté, une veille de la concurrence, voire des inspirations pour les dossiers de presse, sans compter les commentaires de nos lecteurs... D'où l'intérêt discret mais réel avec lequel elles nous suivent. Je pense que la réflexion sur la fonction d'un blog parfum doit tenir compte de cela: nous faisons un travail de passionnés qui n'est pas payé et qui, je n'en doute pas, peut servir... à faire des pépètes.
'est vrai que que le statut du bloggueur parfum diffère largement de celui de la mode. certaines bloggueuses dans la mode envisagent d'en vivire ou du moins d'avoir des rentrées pécuniaires régulières, bénéficient d'une plus grande exposition, bref c'est très loin de ceux qui blogguent dans le domaine du parfum.
De mon côté j'écris aussi des avis généralement positifs tout simplement parce que je n'ai pas envie d'écrire pour parler d'un parfum qui ne me touche pas, ne m'émeut pas voire me déplait. Je préfère garder "ma plume" pour parler de ceux que j'affectionne.
Je n'ai pas de blog, mais j'apprécie les vôtres. J'apprécie votre travail, car bien que beaucoup moins experte, je partage votre passion. Par exemple, je me livre régulièrement à l'exercice de masochisme dont vous parlez, Six', par principe,pour ne rien "rater", parce-qu'un coup de foudre peut être un feu de paille.
J'avoue être très influencée par vos commentaires ... plutôt positifs, c'est vrai, et je me dis que vous jouez tous et toutes par conséquent un rôle très important... pour les "perfumistas" certainement... et peut-être aussi pour les "autres". Moi, je suis une perfumista,et je suis ravie de vous lire.
Moi, je trouve une belle perte de temps que de se renvoyer la balle entre blogguers. Le parfum serait-il un business comme le foot?
Le parfum se porte, se vit se respire.
Exit les monologues stériles sur les reformulations, ça ne changera rien. Exit aussi les "MOI JE ci, MOI JE ça. J'adooore ta vanille. Hé oh, c'est de la vanille pas du Picasso.
Un blog ca sert surtout à communiquer et pas à se vanter d'etre le 1er ou la 1ère à sentir le nouveau parfum de machin-chose. On veut des sujets de pros sans parti pris et pas des confessions de post ados...
Je me comprends...
Un lecteur de passage.
D,
Tu soulèves beaucoup de points intéressants. J'avais lu ton intervention chez Octavian, que j'avais trouvée très pertinente.
Je sais aussi que par ton expérience professionnelle, tu es à même de faire la séparation entre relation privée avec un créateur, et avis critique sur sa création. Moi, dans l'état actuel des choses, j'avoue que j'en serais probablement incapable, donc il vaut mieux que les choses restent en l'état! En tout cas, l'éclairage que tu apportes en étant le relais entre parfumeurs et grand public est absolument précieux.
Je crois que la différence entre blogueur et journaliste est que nous sommes "du côté du consommateur", l'un d'entre eux, qui va parler sans langue de bois, sans proclamer trouver formidââââble le dernier jus bâclé lancé à grand renfort de pub (dans le magazine, et la boucle est bouclée). Du coup, le soupçon qu'on passe "de l'autre côté de la barrière" en se glissant dans les coulisses fait forcément douter, beaucoup plus que pour un critique pro...
Honnêtement, je n'avais pas vraiment réalisé que les marques pouvaient nous suivre pour autre chose que du "damage control"... et j'espère en tout cas que les parfumeurs ne nous lisent pas (!)
Soph,
Voilà, on se rejoint. Seulement, je n'avais jamais imaginé que le fait de poster surtout des avis positifs pourrait faire douter de notre intégrité.....
Zab,
Merci pour ce gentil commentaire, ça fait chaud au cœur!
Je lis moi-même beaucoup de blogs, de gens bien plus experts que moi, et je suis toujours ravie de faire des découvertes grâce à eux. Il y a tant de nouvelles sorties, tant de chefs d'œuvre disparus que j'apprécie énormément avoir des indications et lire les coups de cœur des autres...
Merci encore à vous!
Anonyme,
Les lamentations sur les reformulations sont à peu près stériles, d'accord avec vous. Je ne pense pas que les avis des blogueurs changent grand chose à la situation. Encore une fois, je ne peux parler que pour moi, mais je signale les reformulations chaque fois que je les constate pour une raison, essentiellement: que l'amoureux dudit parfum soit prévenu que s'il rachète, il ne trouvera pas la même chose dans son flacon. Ce qui est une tromperie sur la marchandise.
Pour le reste... à lire votre commentaire, il me semble que vous n'avez pas dû vous attarder bien souvent ici? Je n'ai pas une seule fois mentionné "être la première à"; blogueur/business, tout ce long post était justement une affirmation de l'inverse dans mon cas; se renvoyer la balle, pas vraiment, puisque le post d'Octavian risquait plutôt d'être pris comme une mise en cause des autres blogueurs.... quant à la "confession", la question de l'intégrité s'était posée, il m'a paru nécessaire de la régler une bonne fois pour toutes.
Autre nuance importante, je n'ai jamais, au grand jamais, prétendu être pro. Bien au contraire, je suis une amatrice, dans tous les sens du terme. Je ne donne que mes avis d'amatrice, qui valent ce qu'ils valent. Il existe des blogs faits par des parfumeurs, ils sont excellents, et vous y trouverez probablement votre compte.
Le parfum se porte, se vit se respire.
Tout à fait d'accord. Et c'est ce plaisir que je partage ensuite ici.
Si vous êtes d'avis qu' "écrire sur le parfum, c'est comme danser sur l'architecture" (et ma foi, l'opinion pourrait se défendre) - pourquoi lire le moindre blog?
Merci d'être passé ici. Je crois que si vous me lisez un peu plus attentivement, vous devriez être rassuré du moins sur plusieurs points.
Sixtine, le "je me comprends" du "lecteur de passage" (visiblement de passage, car cette charge contre les blogs ne peut s'appliquer au tien) me fait sourire: il me rappelle celui de ces journalistes débutants que je renvoyais travailler leurs papiers... Qui ajoutaient parfois "mon mari/ma femme a trouvé ça très bien!"
Quant au fait d'être "du côté du consommateur", c'est effectivement la perception qu'on peut avoir des blogs. Mais le blog n'est qu'un format de publication: il n'a pas, en soit, de mission. On y met ce qu'on veut, il trouve ses lecteurs ou pas. Il ne représente que son auteur.
La question qui se pose le plus souvent est celle de l'essoufflement: comment maintenir son désir d'écriture, ne pas tourner en rond, lorsqu'il n'y a pas d'apport extérieur? Garder le rythme quand on prend sur ses temps libres et que l'on se retrouve d'ailleurs face à des sorties qui sont souvent des redites et n'inspirent pas plus que ça?
J'ai choisi quant à moi de maintenir ce désir en apprenant, et comme je ne peux pas suivre des cours à l'ISIPCA ou chez 5ème Sens (je n'ai d'ailleurs pas l'ambition de devenir parfumeur), l'acquisition des connaissances passe en effet par des incursions "de l'autre côté". Ce n'est pas l'unique recours possible, mais c'est le mien et je suis d'ailleurs tout à fait transparente sur ce point. Ce qui m'intéresse, c'est que le partage se prolonge dans la vraie vie et puisque j'en ai la possibilité, j'en profite. C'est d'ailleurs pourquoi je rencontre toujours les blogueurs étrangers de passage à Paris.
Si quelques mondanités se mêlent parfois à ces incursions et si on se fend d'un post "lettre de château" plus Stephane Bern que Saint-Just -- je parle évidemment pour moi... C'est comme ça. On est bien reçu, on remercie, on ne boude pas son plaisir: je ne vois pas pourquoi j'aurais vitupéré contre des prix attribués par le grand public et j'approuve le choix de ceux qui ne l'étaient pas. Mon seul regret sur ce point est de n'avoir pas pu partager ce plaisir avec mes confrères et consœurs des blogs français, mon ami Octavian compris.
Dernier mot sur les reformulations: pas si stérile que ça, le débat! Car si les consommateurs, en cherchant des infos sur leur parfum préférés, trouvent sur les blogs et dans les forums de quoi conforter leurs perceptions - non, ce n'est pas "leur nez/leur peau qui a changé" comme l'affirment les vendeuses, c'est bien le contenu du flacon - ils seront peut-être plus décidés à écrire aux marques pour se plaindre. Et s'ils sont assez nombreux, cela finira peut-être par peser dans la balance, ne serait-ce que pour que ces reformulations soient réalisées avec plus de soin. Cela finira peut-être par inciter les acteurs du marché à agir contre le zèle excessif des régulateurs... On peut rêver.
"Garder le rythme quand on prend sur ses temps libres et que l'on se retrouve d'ailleurs face à des sorties qui sont souvent des redites et n'inspirent pas plus que ça?"
ça, c'est exactement un de mes soucis, j'ai baissé en terme d'écriture (ryhtme) notamment parce qu'une fois, les classiques adorés passés en revue, il reste les nouveautés qui bien svt me laissent de glace...
Je suis interloquée et ne comprends pas très bien la manoeuvre des détracteurs de blogs parfums...Alors tous ceux qui manifestent un avis, un commentaire enthousiaste ou assassin, ( maquillage, musique, mode, design, voyages...) sont à classer dans les sournois, les vendus aux marques...?
Eh bien...la perfide jalousie à l'origine de ces calomnies me laisse pantoise...
Comme Sophie et toi Six, je m'en tiens essentiellement aux bons "vieux" (parfois massacrés et je ne me prive pas de le dire haut et fort) les nouveautés me laissent trop souvent dans l'indifférence...
Allons....les Chiens aboient, la caravane passe...Seul le plaisir de partager compte ;o)
Bonjour Jeeks, je ne pense pas qu'il s'agisse de cela, à part quelques rares commentaires (pas très éclairés, j'allais poster pour répondre au lecteur de passage concernant le "je suis le premier à sentir ci ou ça" et les débats stériles, mais je me suis ravisée en me disant que les concernés étaient assez grands pour se défendre, ce que les posts suivants ont confirmé), je pense qu'il s'agit surtout d'un début de réflexion concernant l'avenir des blogs parfums, étant donné que leur influence s'accroît, que les marques semblent de plus en plus se pencher sur le phénomène etc. Ça ne me viendrait pas à l'esprit de voir d'un mauvais oeil l'offre d'échantillons, des rencontres avec les créateurs, ni les soirées consacrées aux parfums; à vrai dire je trouve l'intégrité de la plupart des blogs intacte; ce qui serait dommage, ce serait d'attendre que les marques apprennent à jongler avec ces nouvelles données pour réfléchir à ces questions. Concernant la non-invitation d'Octavian, ne serait-ce pas simplement parce-que son blog n'est pas considéré en tant que blog francophone? Evidemment que la théorie de la crainte de sa plume vient à l'esprit, mais je pense que les marques appliquent la règle du "sois proche de tes amis, mais encore plus de tes ennemis", le "blacklister" ne serait pas très pertinent.
Sixtine, à vrai dire je trouverais ça presque normal de trouver une fenêtre consacrée à la pub, si elle peut financer l'écriture, après tout on n'est pas des communistes ;) tant que c'est clairement positionné comme pub (sur auparfum, la séparation est très claire par exemple), même si évidemment la lecture d'Ambre Gris est très agréable de par leur absence.
Dans une autre vie, j'étais comédien et j'ai vu/vécu comment la frontière est parfois mince entre amateur et professionnel, rien à voir avec le talent souvent. Je suis passé de l'un à l'autre sans formation particulière simplement parce qu'à un moment on m'a proposé d'être payé pour ce que je faisais. Bien sûr, les heures à jouer le courtisé/courtisan passées autour de petits fours, les premières, les spectacles de copains parfois interminables à se demander quoi leur dire à la sortie ("les décors étaient bien"), et bien évidemment les moments de grâce et les rencontres incroyables..: ça faisait partie du boulot et de la passion.
Mais après quelques années à vivre de cette passion je me suis aussi rendu compte que l'art était souvent gratuit "en attendant que ça marche" et que l'alimentaire et le divertissement ça payait bien mais j'avais souvent l'impression de vendre mon âme. Ce qui m'a poussé entre autre raisons à raccrocher les gants.
Tout ça pour dire que je comprends votre position actuelle et je trouve que cette discussion montre bien votre éthique et intégrité. Je lie assidument les blogs parfums, chacun avec son style et ses affinités ce qui fait leur richesse et il me semble que cette position est aussi due au fait que vous défrichez un terrain vierge: le commentaire et la critique de parfum en ouvrant la porte aux consommateurs. Au milieu des non dits, des panégyriques, des recopiage de dossier de presse ces blogs sont une bouffée d'air frais qui attirent les regards. Des consommateurs qui développent une culture parfum deviennent plus difficile à gérer pour les marques forcément. Cela dit les tentatives d'infiltration sont souvent grossières jusqu'à présent et votre enthousiasme, vos coups de cœurs et rencontres nous font aimer le parfum et sont pour moi très instructives; quelque chose de pourri? non plutôt quelque chose qui murit.
D,
C'est très juste. Je suis partie de mon point de vue et j'ai généralisé sans réfléchir - mais évidemment, un blog est tout simplement une plate-forme dont son auteur fait absolument ce qu'il veut. J'imagine que j'ai surtout réagi par rapport aux blogs-sandwiches de la vidéo d'Octavian...
Je vois qu'au fil du temps, les "anciens" se retrouvent face au même dilemme.
Effectivement, la perspective de se retrouver à disséquer le centième fleuri-fruité de l'année est peu engageante, à la longue. Et on semble trouver des solutions différentes - tu avances vers un "rôle" de passerelle entre créateurs et amateurs (et en tant que lectrice, je me répète, mais c'est un régal!). Je n'y avais pas vraiment réfléchi, mais je pense que c'est la même raison qui me pousse depuis un moment vers les vintages: il y a tant de merveilles passées qui ne demandent qu'à être redécouvertes, que le dernier parfum Teisseire en paraît d'autant plus ennuyeux...
Pour les reformulations, vu sous cet angle, effectivement. Je me disais que les blogs tendent à prêcher aux convertis, c'est un peu le monde du "par des perfumistas, pour des perfumistas", et notre "poids" par rapport au marché est négligeable. Mais c'est en effet oublier le trafic de passage qui recherche des infos sur son parfum... et là, il faut bien dire que quand j'en parle autour de moi, les gens n'ont pas la moindre idée de l'existence même des reformulations (j'ai déjà entendu plusieurs personnes qui pensaient qu'elles avaient fini par devenir allergiques à leur parfum et que leur peau le faisait virer tout à coup!)
Donc, si on peut apporter une petite pierre à la publicité de la chose, c'est déjà ça...
(et merci d'avoir cité le nom glorieux de Saint-Just, une des miennes idoles, sur le présent blog ;))
Soph,
Comme je disais à Denyse plus haut, je crois que finalement c'est ça qui me pousse vers les vintages ces derniers temps...
Je me suis retrouvée un peu trop souvent à finir par trouver une nouveauté gentillette "pas mal dans son genre", avec en fait surtout la qualité de ne pas être odieuse. Alors quand on plonge le nez sur l'une ou l'autre création qui a peut-être 60 ans, mais qui a surtout de l'audace, du corps, de la matière, bref, une âme, le contraste secoue. Et je dois dire que ce parcours est très enrichissant.
Mais cette avalanche toujours renouvelée de fleuris-fruités, c'est décourageant, je te comprends bien...
Jeeks,
Comme l'a dit Clochette après toi, c'est qu'il y a vraiment eu polémique... Octavian a posté une vidéo où (mon appréciation:) des blogueurs semblaient vraiment agir comme des relais pour les marques, et leur blog paraissait du coup plus vache à lait qu'autre chose... et j'ai été horrifiée qu'on puisse m'associer à ça, d'où tout le laïus.
Ceci dit, il y a effectivement des choses qui sidèrent, par moments. Il y a apparemment des gens convaincus que si vous parlez en bien de quelque chose, ou que si votre avis ne correspond pas au leur (forcément valeur absolue), c'est nécessairement qu'il y a bakchich derrière.... c'est assez dingue.
Je vais retenir cette histoire de chien et de caravane, je sens que ça va me venir à point, ces temps-ci ;)
Et vive le beau parfum!
Merci Clochette et Six'
Autant pour moi, je n'avais pas saisi tous les tenants et aboutissants de cette "affaire" (O.Coiffan). Je comprends mieux maintenant!
Jolie intervention illustrée par sa propre experience, d'Anatole.
En effet le débat risque d'être houleux à l'avenir, mais je suis d'avis que la sincèrité se perçoit toujours, d'une façon ou d'une autre...
Six' ton blog est fabuleux et vraiment très sincère, nul doute là-dessus;o)
Clochette,
Merci de ce gentil commentaire!
Pour Octavian, effectivement, le fait que son blog soit anglophone est peut-être la raison qui a joué, je n'en sais rien... Mais c'est bien possible, son blog a plutôt une dimension internationale, tandis que le Prix était tout à fait concentré sur le monde francophone.
Quant à cette histoire de blacklisting, ça m'interpelle, à vrai dire. Ce n'est pas la première fois que j'entends parler de blog parfum blacklisté, mais en quoi est-ce que ça peut consister, en fait? Que les marques n'envoient rien? Ma foi, je dois faire partie du lot aussi, alors... ;)
Plus sérieusement, je dois avouer que l'ampleur du problème m'échappe un peu. J'imagine que si les autres ont manifestement pu découvrir des produits avant leur sortie, tandis qu'on doit attendre la sortie officielle en magasin, ça peut être un peu ennuyeux, mais à part ça? C'est somme toute compréhensible que les marques n'apprécient pas de voir leurs produits critiqués et n'aient pas foncièrement envie de faciliter la chose...
Pour la pub, ma foi... j'ai la chance de ne pas en avoir besoin, et je préfère ne pas avoir à mettre de macarons publicitaires ici. Mais je comprends tout à fait que d'autres consacrent tant de temps à leur blog que ce coup de pouce est bienvenu - et à ce que j'ai vu dans l'ensemble de la blogosphère parfum, il s'agit généralement de bandeaux de pub bien séparés, qui ne mettent pas en cause l'indépendance du blog. Je n'ai heureusement jamais vu de ces horribles "billets sponsorisés" qui fleurissaient ça et là il y a peu (et me faisaient immédiatement arrêter de lire le blog concerné, d'ailleurs)...
Encore merci à vous pour votre soutien!
Anatole,
Merci d'avoir partagé votre expérience. Je vois où sont les similitudes....
Et avoir un emploi alimentaire, c'est une chose; devoir finalement "vendre son âme" dans un domaine qu'on aime profondément, c'est beaucoup plus pénible... et je comprends qu'on ait envie de raccrocher, au final.
Un grand merci à vous pour votre soutien si chaleureux!
Jeeks,
Merci à toi pour tes encouragements! :)
Ce blog est une petite merveille, une perle, une pépite, une pierre précieuse, de la beauté, de la sensualité, de la classe et de la fraîcheur dans un monde qui en a tant besoin !
Merci Sixtine pour ce partage, merci pour ce que tu nous offres !
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