Ces dernières années, les fameux disques entrelacés d'Omnia de Bvlgari se sont démultipliés dans les rayons des parfumeries, déclinés en une succession de couleurs pâles - transparent pour Crystalline, parme pour Améthyste, vert d'eau pour Green Jade. Ces flankers pastel ont même pratiquement fini par pousser leur ancêtre vers la sortie... alors qu'il est peut-être le plus intéressant de la série.
Loin des fleuris légers subséquents, le premier Omnia est un oriental conceptuel, au sens où son créateur, Alberto Morillas (CK One, Flower de Kenzo, Essence de Narciso Rodriguez), a voulu remonter aux sources du parfum "oriental" - la route des épices, l'Inde, le berceau de nos cultures - et en donner une réinteprétation moderniste.
Principale inspiration olfactive: le chaï masala, ce thé indien typique, sucré, lacté et épicé, à dominante de cardamome saupoudrée de girofle, gingembre, parfois aussi de poivre noir, de cannelle, de safran.
La recherche allait ainsi dans le sens d'une rencontre entre olfaction et gustation, mais sans tomber dans le gourmand simpliste: Omnia ne se voulait pas un parfum hype, à écouler en masse et rapidement, mais plutôt un classique en puissance, qui trouverait son public lentement.
Le résultat est un beau parfum sec, oriental mais sans ambre ou vanille: boisé et épicé, il s'inscrirait dans la même lignée que Rousse de Serge Lutens.
Si la composition officielle cite du chocolat blanc dans les notes de fond, c'est en réalité en tête qu'Omnia susurre ses seules notes sucrées: sur un arrière-plan durable d'écorce de mandarine, une brise d'épices sèches, cardamome et cannelle surtout, s'étoffe de notes crémeuses-sucrées qui évoquent le beurre de cacao, ou effectivement le chocolat blanc. Mais malgré la savoureuse boisson qui a inspiré la fragrance, et malgré cette note cacao, la gourmandise n'est pourtant que suggérée: ces notes viennent principalement arrondir les épices, les empêcher de sombrer dans le poudreux-crayeux.
C'est d'ailleurs ce qui caractérise Omnia: s'il parle avant tout d'épices, il les ponce, les polit pour les rendre douces et soyeuses, presque caressantes, tandis qu'un souffle d'hédione lui insuffle une grande légèreté, le fait respirer. Point donc d'effet caliente ici, rien de corsé, pas le moindre souk en vue - que de la douceur.
Fil conducteur, le mariage de cardamome et de cannelle, avec d'autres épices plus discrètes pour demoiselles d'honneur, est présent tout au long de la tenue. Pour le reste, l'évolution est assez linéaire: la mandarine et les ténues notes sucrées du départ disparaissent progressivement, tandis que la suavité lactée du santal s'affirme en fond, posée sur un épais lit de musc blanc.
Avec son sillage restreint, Omnia se fait bien vite nimbe, un doux halo soyeux qui murmure près de l'épiderme et le sublime... pendant quelques trop brèves heures, hélas.
Récompensé en 2006 par le Prix des Parfumeurs de l'American Society of Perfumers, ce très beau parfum, à l'originalité discrète mais réelle, semble pourtant à première vue peiner à trouver un public. Est-ce l'étrangeté de son flacon? Le fait que certaines personnes y paraissent, curieusement, anosmiques? Il se fait en tout cas de plus en plus rare sur les rayons, ce qui est vraiment dommage. Amateurs de boisés suaves, d'épicés sans sucre ajouté, et vous aussi messieurs (ce premier Omnia pourrait parfaitement être porté par un homme) - n'hésitez pas!
Loin des fleuris légers subséquents, le premier Omnia est un oriental conceptuel, au sens où son créateur, Alberto Morillas (CK One, Flower de Kenzo, Essence de Narciso Rodriguez), a voulu remonter aux sources du parfum "oriental" - la route des épices, l'Inde, le berceau de nos cultures - et en donner une réinteprétation moderniste.
Principale inspiration olfactive: le chaï masala, ce thé indien typique, sucré, lacté et épicé, à dominante de cardamome saupoudrée de girofle, gingembre, parfois aussi de poivre noir, de cannelle, de safran.
La recherche allait ainsi dans le sens d'une rencontre entre olfaction et gustation, mais sans tomber dans le gourmand simpliste: Omnia ne se voulait pas un parfum hype, à écouler en masse et rapidement, mais plutôt un classique en puissance, qui trouverait son public lentement.
Le résultat est un beau parfum sec, oriental mais sans ambre ou vanille: boisé et épicé, il s'inscrirait dans la même lignée que Rousse de Serge Lutens.
Si la composition officielle cite du chocolat blanc dans les notes de fond, c'est en réalité en tête qu'Omnia susurre ses seules notes sucrées: sur un arrière-plan durable d'écorce de mandarine, une brise d'épices sèches, cardamome et cannelle surtout, s'étoffe de notes crémeuses-sucrées qui évoquent le beurre de cacao, ou effectivement le chocolat blanc. Mais malgré la savoureuse boisson qui a inspiré la fragrance, et malgré cette note cacao, la gourmandise n'est pourtant que suggérée: ces notes viennent principalement arrondir les épices, les empêcher de sombrer dans le poudreux-crayeux.
C'est d'ailleurs ce qui caractérise Omnia: s'il parle avant tout d'épices, il les ponce, les polit pour les rendre douces et soyeuses, presque caressantes, tandis qu'un souffle d'hédione lui insuffle une grande légèreté, le fait respirer. Point donc d'effet caliente ici, rien de corsé, pas le moindre souk en vue - que de la douceur.
Fil conducteur, le mariage de cardamome et de cannelle, avec d'autres épices plus discrètes pour demoiselles d'honneur, est présent tout au long de la tenue. Pour le reste, l'évolution est assez linéaire: la mandarine et les ténues notes sucrées du départ disparaissent progressivement, tandis que la suavité lactée du santal s'affirme en fond, posée sur un épais lit de musc blanc.
Avec son sillage restreint, Omnia se fait bien vite nimbe, un doux halo soyeux qui murmure près de l'épiderme et le sublime... pendant quelques trop brèves heures, hélas.
Récompensé en 2006 par le Prix des Parfumeurs de l'American Society of Perfumers, ce très beau parfum, à l'originalité discrète mais réelle, semble pourtant à première vue peiner à trouver un public. Est-ce l'étrangeté de son flacon? Le fait que certaines personnes y paraissent, curieusement, anosmiques? Il se fait en tout cas de plus en plus rare sur les rayons, ce qui est vraiment dommage. Amateurs de boisés suaves, d'épicés sans sucre ajouté, et vous aussi messieurs (ce premier Omnia pourrait parfaitement être porté par un homme) - n'hésitez pas!
Notes de tête: mandarine, safran, gingembre, cardamome
Note de cœur: chaï masala, clou de girofle, cannelle, noix de muscade
Note de fond: chocolat blanc, bois d'Inde, bois de santal
Maison: Bvlgari
Créateur: Alberto Morillas
Année de création: 2003
Famille: oriental-épicé
Disponible: en Eau de Parfum, au moins en vapo 40 ml (61 EUR) et 65 ml (79 EUR).
Bien qu'il se fasse rare, Omnia est toujours officiellement commercialisé; on peut le trouver actuellement dans les boutiques en ligne de Sephora et Nocibé. Il est très largement disponible (et à très bas prix) chez les discounters en ligne, y compris en d'autres formats (vapo plat 25 ml, parfum solide), ainsi que sa gamme de produits coordonnés.
Images: flacon 40 ml de l'EdP (Jet Avenue); art Warli, Tarpana (?) (via Kadamallige); flacon plat 25 ml de l'EdP (CheapSmells).
Créateur: Alberto Morillas
Année de création: 2003
Famille: oriental-épicé
Disponible: en Eau de Parfum, au moins en vapo 40 ml (61 EUR) et 65 ml (79 EUR).
Bien qu'il se fasse rare, Omnia est toujours officiellement commercialisé; on peut le trouver actuellement dans les boutiques en ligne de Sephora et Nocibé. Il est très largement disponible (et à très bas prix) chez les discounters en ligne, y compris en d'autres formats (vapo plat 25 ml, parfum solide), ainsi que sa gamme de produits coordonnés.
Images: flacon 40 ml de l'EdP (Jet Avenue); art Warli, Tarpana (?) (via Kadamallige); flacon plat 25 ml de l'EdP (CheapSmells).
6 commentaires:
Encore un bijou en voie de disparition...et encore une lacune à combler! C'est vrai que le flacon, bien qu'original, ne m'a pas "poussée à l'essai". Merci, Six', je le testerai dès que possible.
Zab,
Voilà, confirmation que le flacon a pas mal joué (ce qui ne l'a pas empêché d'être repris pour les flankers)! Et quand une marque se sent obligée d'inclure un mode d'emploi du vapo avec le parfum, c'est qu'il y a quand même un souci...
Mais je trouve le jus lui-même vraiment agréable, caressant, velours de peau... dites-moi ce que vous en pensez quand vous l'aurez essayé!
Je partage également ces avis, ravi de voir Bulgari loué pour une de ses créations qui méritent effectivement que l'on s'y attarde. Hélas, pour celui-ci, le flacon plastoc-toc le dessert grandement, comme ses petits frères d'ailleurs. Mais pourquoi donc avoir abandonné LE flacon phare de la marque ? Imaginez le en brun mordoré, il redonnerait du souffle à Omnia, non ? Méchant Loup
I am one of those who had trouble smelling Omnia. Seriously. I am not poking fun, nor disparaging it as a "faux scent"...I truly have trouble detecting it. But I've a small bottle tucked away somewhere...having read your account, I wish to try again.
ML,
C'est vrai, je n'y aurais pas pensé, tiens, à ce flacon classique... je pense effectivement que celui d'Omnia le dessert, et c'est dommage.
ScentSelf,
Gosh, so this Omnia-anosmia isn't a myth, eh? Come to think of it, I believe the formula is loaded with white musks (and we're talking a major proportion here, to the tune of 50%), so maybe that's what you're anosmic to? Do you have a known anosmia to musks by some chance?
(and boy, I can relate. I can't smell at all the part that makes everyone and their mother-in-law recoil in horror at Miel de Bois. To my nose, it's that lovely, honey-and-wood fragrance that I'd wear with lavish abandon if I didn't know that to most others, I'd smell of... something else entirely ;))
Thank you for dropping by!
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