Voilà un bel exemple de toute la différence qui peut exister entre deux presque soliflores.
Si Un Lys était, sous ses dehors d'Idée platonicienne du lys, une interprétation en fait adoucie de la fleur, une peinture céleste, ce Lys Méditerranée, création d'Edouard Fléchier (Poison de Dior), a pris l'option inverse: l'hyperréalisme.
Notes de tête: notes vertes, touche marineNotes de cœur: lys, fleur d'oranger
Notes de fond: musc, vanille
Dès le départ, la partie "Méditerranée" de la fragrance se fait immédiatement présente, par une note d'embruns, iodée, salée. Elle se mêle à une senteur naturaliste de lys, dans toute sa dimension végétale, une touche verte (qui rappelle celle de la tubéreuse), une pointe d'indoles, un infime soupçon métallique. Dans les premiers stades de la fragrance, la senteur si particulière du lys, à la fois suave et épicée, est mêlée d'une touche de fleur d'oranger, avec un petit côté un peu savonneux qui reste heureusement modéré.
Ce tableau impressionniste de lys frais touchés d'embruns va longtemps dominer, pratiquement inchangé sauf en intensité. Vu l'excellente tenue, ce n'est qu'après bien des heures - pratiquement en fin de journée - que la nuée d'embruns va finalement s'évaporer, pour ne plus conserver que le parfum, toujours très réaliste, des lys naturels, avec une note de verte tubéreuse toujours manifeste.
Deux presque soliflores, deux visions bien différentes: les amateurs de floraux et de vanillés préféreront probablement la version de Lutens, plus aisément portable, plus soyeuse (à mon avis!); la version d'Edouard Fléchier, avec sa curieuse note marine, les désarçonnerait. Ceux qui se délectent de plonger le nez dans un grand bouquet de lys tigrés, par contre, ne pourront trouver meilleure reproduction... et qu'importe si, par la fenêtre, entre un petit air du large? Comme nombre de tomes olfactifs des éditions Frédéric Malle, un parfum d'excellente facture, à la fois décalé et raffiné.
Deux presque soliflores, deux visions bien différentes: les amateurs de floraux et de vanillés préféreront probablement la version de Lutens, plus aisément portable, plus soyeuse (à mon avis!); la version d'Edouard Fléchier, avec sa curieuse note marine, les désarçonnerait. Ceux qui se délectent de plonger le nez dans un grand bouquet de lys tigrés, par contre, ne pourront trouver meilleure reproduction... et qu'importe si, par la fenêtre, entre un petit air du large? Comme nombre de tomes olfactifs des éditions Frédéric Malle, un parfum d'excellente facture, à la fois décalé et raffiné.
Maison: Editions de Parfums Frédéric Malle
Créateur: Edouard Fléchier
Année de création: 2003
Famille: floral
Disponible en eau de parfum, en vapo 50 ml (95 EUR) et 100 ml (140 EUR) et en coffret de trois vapos 10 ml (60 EUR), ainsi qu'en version huile parfumée (50 ml, 80 EUR).
En parfumeries sélectionnées et sur le site des Editions de Parfums.
Images: Editions de Parfums Frédéric Malle; Piet Mondrian, Lelie (lys), 1921, Gemeentemuseum, La Haye (Olga's Gallery)
2 commentaires:
Ce parti pris "marin" pourrait rebuter certains nez. Cependant, cette évocation du bord de mer est de mon point de vue subtilement orchestrée et c'est bien la "naturalité" (pardon pour le néologisme) du lys qui caractérise ce parfum.
Je n'ai pas vraiment décelé les facettes tubéreuse (qui doivent probablement exister dans la composition des exhalaisons des deux naturels). En revanche, chez FM, on m'a indiqué que pour l'ouverture de Carnal Flower on avait exagéré le caractère solaire de la fleur un peu comme pour Lys Méditerranée.
Thierry,
Je suis tout à fait d'accord sur la belle réussite qu'est cet accord embruns-lys... peut-être est-ce effectivement lui qui contribue à cet effet de réalisme si prononcé pour le lys!
La tubéreuse, je la sens assez nettement, mais je ne sais pas du tout si c'est dû à une molécule commune entre les deux fleurs...
Et justement, Carnal Flower, encore une bien belle création de chez Malle! Voilà qui me donne très envie de la retrouver...
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