1.
De la figue, réaliste et fruitée, chair rouge et peau violacée.
2.
De l'iode, les reflets de métal clair de l'eau de mer.
=
Womanity.
Fusion parfaite, inédite.
La figue est devenue mer est devenue figue.
Charnu du fruit, translucidité de l'eau.
Le lancement d'un troisième grand féminin signé Mugler est forcément un événement dans le monde de la parfumerie.
Angel le pionnier est devenu mythe, une success-story née d'un mélange de vision inébranlable, de réelle audace olfactive et de marketing pointu. Le puîné Alien, s'il a fini par trouver son public, n'avait pas répété l'exploit. Mais à présent, 18 ans après le lancement de l'étoile bleue, la maison Mugler entend frapper à nouveau un grand coup avec Womanity.
Ambition avouée: lancer lui aussi une nouvelle famille olfactive. Marquer les esprits, devenir incontournable. En fait: rééditer le miracle Angel. Et les moyens déjà mis en œuvre sont impressionnants: Grain de Musc a déjà parfaitement fait le tour de la question, inutile d'y revenir ici.
Pour l'amoureux de parfums, le plus marquant chez Angel était la profonde originalité de sa composition: du jamais senti que ce collage surpuissant d'une face claire de friandises qui fleurent bon l'enfance et d'une face sombre de patchouli râpeux, au corsé viril. La barbe à papa était à prendre dans son double sens.
Womanity tente donc lui aussi la juxtaposition inédite, en osant cette fois le sucré-salé.
L'idée n'est pas vraiment neuve en parfumerie - L de Lolita Lempicka, par exemple, contenait déjà une petite note de sel - mais il ne s'agit plus ici de la petite pincée qui vient juste nuancer un bouquet. L'idée est de marier tout un monde salé à un monde sucré. Un nouveau procédé d’extraction moléculaire permettant de reproduire fidèlement les senteurs naturelles, bien mieux que le headspace, a rendu la chose possible. Après quelques tâtonnements - essais sur le chutney, tentatives d'extraction de la senteur du sel pur ou de la sardine -, le directeur olfactif Pierre Aulas (créateur de la marque Ego Facto) a finalement arrêté son choix sur la figue et sur le caviar comme piliers de la fragrance.
Alors, que donne-t-elle, cette fameuse note caviar?
Aucune inquiétude, vous ne risquez pas de laisser derrière vous un sillage de poissonnerie. A vrai dire, elle crée surtout l'illusion olfactive de l'eau de mer, et surtout de l'iode, vivifiant, avec des accents plus métalliques clairs, aluminium, que réellement salés. L'effet est résolument marin - et marin seulement, sans les notes melon de la Calone, molécule souvent utilisée dans les compositions aquatiques-océaniques.
Quant à la figue, on n'est plus dans les accords bois-et-feuilles de figuier connus depuis Premier Figuier de L'Artisan Parfumeur: c'est réellement la senteur du fruit mûr qui est reproduite, son charnu laiteux, sa douceur sucrée à peine miellée; assez près, finalement, de la confiture de figue.
Figue et caviar: c'est à peu près l'essentiel du propos de Womanity. Vu la nouveauté de la composition, c'est compréhensible: le message reste fort, sans se diluer dans des chemins de traverse.
La chair de figue domine en tête, puis elle se rétracte légèrement pour permettre à l'iode métallique du caviar de la rejoindre à parts égales. La fusion résultante est indescriptible, figue marine de métal brossé, iode doucement fruité, alliage improbable et monolithique qui se poursuit longtemps sur sa lancée.
Un boisé léger, suave, vient discrètement soutenir l'hybride après un temps, effleuré de feuille de figuier duveteuse. Et un puissant souffle sec se fait sentir au cœur de la composition, étayé de musc blanc: nouveauté pour la maison, Womanity est aussi un parfum aéré.
A mesure que la figue et le caviar s'atténuent, c'est surtout cet effet de vent chaud sur du métal brossé qui va subsister sur l'épiderme, tout juste arrondi des dernières notes boisées.
La "patte" Mugler est immédiatement identifiable, et malgré cette nouvelle technique permettant la reproduction fidèle des senteurs naturelles, l'effet final paraît plutôt artificiel, synthétique, comme pour Angel et Alien. Très Mugler aussi, la tonalité sucrée, même s'il s'agit ici d'un doux sucre de fruits et plus de surdose d'éthyl-maltol. Si la composition est véritablement aérée, nettement moins compacte que chez ses deux prédécesseurs, le sillage reste malgré tout très puissant, quoique surtout au départ.
Autres atouts auxquels la maison nous a habitués, la tenue exceptionnelle et un flacon ressourçable particulièrement soigné, celui-ci à mi-chemin entre H.R.Giger et Metropolis. Saluons aussi l'initiative bienvenue de proposer des petits formats, 30 ml et même 10 ml.
Tout ceci étant dit, Womanity est-il à la hauteur de ses ambitions?
Womanity tente donc lui aussi la juxtaposition inédite, en osant cette fois le sucré-salé.
L'idée n'est pas vraiment neuve en parfumerie - L de Lolita Lempicka, par exemple, contenait déjà une petite note de sel - mais il ne s'agit plus ici de la petite pincée qui vient juste nuancer un bouquet. L'idée est de marier tout un monde salé à un monde sucré. Un nouveau procédé d’extraction moléculaire permettant de reproduire fidèlement les senteurs naturelles, bien mieux que le headspace, a rendu la chose possible. Après quelques tâtonnements - essais sur le chutney, tentatives d'extraction de la senteur du sel pur ou de la sardine -, le directeur olfactif Pierre Aulas (créateur de la marque Ego Facto) a finalement arrêté son choix sur la figue et sur le caviar comme piliers de la fragrance.
Alors, que donne-t-elle, cette fameuse note caviar?
Aucune inquiétude, vous ne risquez pas de laisser derrière vous un sillage de poissonnerie. A vrai dire, elle crée surtout l'illusion olfactive de l'eau de mer, et surtout de l'iode, vivifiant, avec des accents plus métalliques clairs, aluminium, que réellement salés. L'effet est résolument marin - et marin seulement, sans les notes melon de la Calone, molécule souvent utilisée dans les compositions aquatiques-océaniques.
Quant à la figue, on n'est plus dans les accords bois-et-feuilles de figuier connus depuis Premier Figuier de L'Artisan Parfumeur: c'est réellement la senteur du fruit mûr qui est reproduite, son charnu laiteux, sa douceur sucrée à peine miellée; assez près, finalement, de la confiture de figue.
Figue et caviar: c'est à peu près l'essentiel du propos de Womanity. Vu la nouveauté de la composition, c'est compréhensible: le message reste fort, sans se diluer dans des chemins de traverse.
La chair de figue domine en tête, puis elle se rétracte légèrement pour permettre à l'iode métallique du caviar de la rejoindre à parts égales. La fusion résultante est indescriptible, figue marine de métal brossé, iode doucement fruité, alliage improbable et monolithique qui se poursuit longtemps sur sa lancée.
Un boisé léger, suave, vient discrètement soutenir l'hybride après un temps, effleuré de feuille de figuier duveteuse. Et un puissant souffle sec se fait sentir au cœur de la composition, étayé de musc blanc: nouveauté pour la maison, Womanity est aussi un parfum aéré.
A mesure que la figue et le caviar s'atténuent, c'est surtout cet effet de vent chaud sur du métal brossé qui va subsister sur l'épiderme, tout juste arrondi des dernières notes boisées.
La "patte" Mugler est immédiatement identifiable, et malgré cette nouvelle technique permettant la reproduction fidèle des senteurs naturelles, l'effet final paraît plutôt artificiel, synthétique, comme pour Angel et Alien. Très Mugler aussi, la tonalité sucrée, même s'il s'agit ici d'un doux sucre de fruits et plus de surdose d'éthyl-maltol. Si la composition est véritablement aérée, nettement moins compacte que chez ses deux prédécesseurs, le sillage reste malgré tout très puissant, quoique surtout au départ.
Autres atouts auxquels la maison nous a habitués, la tenue exceptionnelle et un flacon ressourçable particulièrement soigné, celui-ci à mi-chemin entre H.R.Giger et Metropolis. Saluons aussi l'initiative bienvenue de proposer des petits formats, 30 ml et même 10 ml.
Tout ceci étant dit, Womanity est-il à la hauteur de ses ambitions?
Je dirais qu'au niveau de l'originalité, aucun doute. L'effet est réellement étrange, et on est bien dans le jamais-senti, même si l'innovation va bien plus dans le sens d'un fruité-marin que d'un véritable sucré-salé. Comme Angel, il m'a déconcertée, puis révulsée, mais en restant à ce point fascinant qu'il m'a donné envie d'y revenir encore et encore et encore... Un jus tout sauf passe-partout, assurément, et un pari d'autant plus fou dans un marché mainstream presque uniformément fade. Les réactions autour de moi ont d'ailleurs été tout aussi clivées que pour Angel en son temps.
Est-ce bien là le visage qui lancera mille vaisseaux sucrés-salés?
Ça, seul l'avenir nous le dira...
Pour un autre avis en forme triptyque: la facette boisée chez My blue hour - la facette salée chez Olfactorum - la facette sucrée chez Poivre Bleu. Encore un tout grand merci à Méchant Loup!
Composition: figue, caviar, bois et feuilles de figuier
Maison: Thierry Mugler
Créateur: Fabrice Pellegrin et l'équipe de Mane sous la direction de Pierre Aulas
Année de création: 2010
Famille: fruité-marin
Disponible: en Eau de Parfum, vapos ressourçables 10 ml, 30 ml, 50 ml et 80 ml, en parfumerie dès le 16 août. Une gamme de produits coordonnés à la figue sera disponible.
Un échantillon gratuit semble pouvoir être obtenu ici.
Famille: fruité-marin
Disponible: en Eau de Parfum, vapos ressourçables 10 ml, 30 ml, 50 ml et 80 ml, en parfumerie dès le 16 août. Une gamme de produits coordonnés à la figue sera disponible.
Un échantillon gratuit semble pouvoir être obtenu ici.
Images: vapo 50 ml Fragrantica et Style; Orlan, Self-hybridation africaine - Ogoni of Nigeria Tricephal Mask and Mutant Face of French-European Woman, 2000-2003 (site d'Orlan); vapos 30 ml et 10ml Fragrantica.
7 commentaires:
J'aime énormément le fait qu'il y ait toujours une oeuvre d'art en parallèle des parfums. Doit-on voir ici qu'on ne peut rester ni insensible ni indifférent face à ce parfum à multiple "visages" comme pour l'oeuvre d'Orlan?
Clélia,
Merci du compliment! C'est que certains parfums, les puissants, ceux qui ont une âme, m'évoquent des jeux de couleur, de texture, qui ont leur parallèle dans certaines œuvres plastiques. Beaucoup d'autres ne m'évoquent rien du tout, mais ceux-là, je n'en parle pratiquement pas! ;)
Ce qui m'avait frappée ici, c'était le côté fusion, hybride, plutôt que collage... et l'étrangeté et la modernité de la senteur m'ont rappelé les curieuses mais fascinantes hybridations d'Orlan. Je serais curieuse de savoir si vous trouvez que les deux correspondent, quand vous sentirez Womanity!
Encore merci à vous!
senteur atroce je ne paris rien sur ce parfum il ne feras pas long feu je comprends le flacon de 10ml pour les curieuses et amatrices fans de thierry mugler a acheter avant sent le caviar pour les snobs et la sardine pour les autres c est nul voila mon avis bonne journee
Moi je trouve que c est un bon parfum, mes j avoue qu il est fort!! il faut supporter de le porter sur soi. Je le porte en ce moment et tous les jours j adore voilà mon commentaire
Anonyme,
Maintenant qu'il est largement disponible, les avis sont très partagés sur Womanity, semble-t-il, certains détestent, d'autres adorent... comme Angel! Je suis d'ailleurs moi-même toujours partagée... mais j'applaudis en tout cas la prise de risque chez Mugler, avec un parfum tout sauf passe-partout! Et je trouve aussi que le 10 ml est effectivement une excellente option pour le découvrir; vu la particularité du jus, autant ne pas s'engager pour un trop gros volume...
Anonyme,
Voilà qui confirme le côté très polarisant de Womanity: on l'adore ou on déteste.
Et d'une ténacité à toute épreuve, on est bien d'accord!
Merci de votre visite!
LONGUE VIE à WOMANITY, maintenant je compte en litres, JE L'ADORE et c'est peu dire, c'est l'élu. un homme
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