Pour beaucoup, Jean Patou se limite à Joy l'emblématique, la signature olfactive de Jackie O., "le parfum le plus cher du monde"... mais c'est oublier une longue histoire, et beaucoup, beaucoup d'autres fragrances - si vous avez suivi les différents épisodes de la saga Ma Collection sur ces pages, vous ne pouvez plus guère en douter.
Rien ne prédisposait, au départ, le Normand Jean Patou à se lancer dans la parfumerie: né en 1887, il a d'abord travaillé dans l'affaire de ...tannerie de ses parents. De puissants effluves, certes, mais bien loin du jasmin et de la rose...
Monté à Paris en 1910, il ouvre bientôt un petit magasin de fourrures, puis lance une boutique de vêtements dans laquelle il vend ses premiers modèles. Le succès commence à arriver... mais la mobilisation générale de la France contre l'Allemagne, en 1914, y met un terme brutal. Jean Patou connaîtra les tranchées, et finira comme capitaine des zouaves, envoyé avec l’armée d’Orient aux Dardanelles.
La guerre allait le marquer durablement, lui donner une témérité flamboyante, le goût de l'instant présent, du jeu, du risque.
En 1919, dans son salon de la rue Saint-Florentin, il lance sa première collection de vêtements, qui fera fureur. Son succès essaime: Deauville, Biarritz, bientôt les États-Unis, qui lui font fête. Toujours à l'affût des moindres variations dans l'air du temps, il ne cesse d'inventer: pour cette nouvelle créature, la garçonne, il lancera le sportswear, le maillot de bain en tricot. N'estimait-il pas que "tout homme devrait s'efforcer avant tout d'être de son temps"?
Et précisément, pour les couturiers, le temps est au parfum. La grande rivale, Chanel, a lancé son redoutable N°5 en 1921. Chez Jeanne Lanvin, on n'a pas chômé: les lancements se sont multipliés, et cette année 1925 marque la sortie de Mon Péché / My Sin.
Jean Patou ne peut plus attendre. Il embauche Henri Alméras, auparavant parfumeur pour un autre couturier, Paul Poiret, et le charge de créer non pas une, mais trois fragrances pour faire son entrée dans le monde de la parfumerie. Le trio Amour Amour, Que Sais-Je? et Adieu Sagesse sera lancé en fanfare, lors de l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes, célébrant non seulement le triomphe des idées nouvelles et de l'Art déco, mais aussi celui de l'"art de vivre" - où les parfums figurent en bonne place.
Le public fait bon accueil aux trois fragrances, et Jean Patou décide donc de poursuivre dans cette voie - en y mettant à l'œuvre, toujours, son goût de la modernité. La mode passe soudain aux teints hâlés? Patou lance le premier produit solaire, la fameuse Huile de Chaldée, dont la senteur sera ensuite concentrée en parfum (1927). Les garçonnes brouillent les pistes? Il répond par le premier parfum unisexe, astucieusement baptisé "Le Sien" (1929), "un parfum à dominante masculine, frais, tonique, convenant parfaitement aux hommes, mais également aux femmes résolument modernes (...)". Patou le mondain, coqueluche de l'aristocratie et des célébrités, propose ses fragrances luxueuses dans des flacons Baccarat et des coffrets en cuir signés Cartier. Paris est toute frénésie? Il fête l'apothéose des Années Folles, leur Moment Suprême...
...puis arrive le krach de Wall Street. La France n'est pas immédiatement affectée, mais la clientèle de la maison était composée en grande partie d'Américaines, et beaucoup ne sont plus en mesure d'acheter, encore moins de venir à Paris assister aux défilés.
Malgré le chiffre d'affaires en baisse, Jean Patou va répondre à la Crise avec panache. Il demande à Henri Alméras de lui composer un parfum vraiment exceptionnel, qu'il offrira en cadeau à ces clientes et amies ruinées. Alméras, têtu, s'obstine à lui présenter des accords sophistiqués, délicats. "Rendez-le plus fort, bien plus fort!" objecte Patou.
De guerre lasse, Alméras lui propose un bouquet absolument somptueux, fait des matières les plus précieuses de la palette du parfumeur - jasmin de Grasse, rose de mai, rose de Bulgarie - et extrêmement concentré. La composition est d'une richesse folle, d'un coût exorbitant.
"Oui, ça y est!": le maître d'œuvre donne son aval, et baptise le parfum Joy - comme la joie que son cadeau donnera à ses clientes. Elsa Maxwell, attachée de presse et amie de Patou, lui trouve un slogan en forme de pied-de-nez à la Dépression: "Le parfum le plus cher du monde!"
Présent avant tout, le "parfum roi" ne sera commercialisé qu'en 1935.
Son beau-frère et collaborateur dans la division parfums, Raymond Barbas, va reprendre la tête de la maison, sur le même modèle. Les lancements de fragrances ne s'interrompent pas: le joyeux chypré-fruité Colony sortira en 1938.
La guerre, par contre, met un terme aux nouveautés. Henri Alméras quitte la maison.
Pendant les hostilités, la publicité se fait patriotique...
En 1946, enfin! Jean Patou fête la paix en parfum: ce sera L'Heure Attendue. Mais le conflit a laissé des traces, et pendant la décennie suivante, il n'y aura d'autre lancement qu'une déclinaison du parfum-phare de la maison: ce sera Eau de Joy, réalisé par Henri Giboulet, auteur du fameux Gin Fizz de Lubin.
Une cologne masculine, Monsieur Net, sortira en 1956, année qui verra aussi le lancement du chypré-cuiré Lasso, réalisé par Guy Robert (futur créateur de Calèche d'Hermès).
En 1960, Henri Giboulet devient le nouveau parfumeur attitré de la maison. Il créera Makila (1961), composition fleurie blanche centrée sur le jasmin sambac, puis Câline (1964), un doux fleuri aldéhydé ciblant spécifiquement les jeunes filles, grande nouveauté pour l'époque.
En 1967, Jean Kerléo prend la succession d'Henri Giboulet à la création des parfums, après avoir passé douze ans chez Helena Rubinstein et avoir reçu, en 1965, le Prix des Parfumeurs de France. C'est à lui que seront confiés les premiers parfums sous licence Jean Patou: l'Eau de Sport et l'Eau de Toilette éponyme pour Lacoste.
Mais Raymond Barbas, toujours à la tête des parfums, a d'autres ambitions: lancer un parfum "somptueux, exubérant, déraisonnable"... en bref, créer son Joy - et même un sur-Joy. La légende veut que la réalisation de la fragrance ait pris des allures homériques: dix années et pas moins de mille tentatives seront nécessaires, d'où le nom donné à ce nouveau parfum de la démesure, alliant au cœur de Joy - roses et jasmin de Grasse - la note abricotée de l'osmanthus et la douceur du santal: 1000 (1972). Le coût de la formule est, cette fois encore, extravagant. Et le lancement sera à la hauteur, avec un ballet de Rolls Royce allant livrer les premiers flacons à mille heureuses élues triées sur le volet. Au départ, le précieux élixir ne sera disponible que sur commande, et chaque flacon sera numéroté.
Suivront quelques jus plus accessibles, le bel hespéridé frais Eau de Patou (1976), puis le premier vrai masculin de la gamme, Patou pour Homme (1980). Cette même année verra le passage de témoin, à la tête de la maison, entre Raymond Barbas et le petit-neveu de Jean Patou: Jean de Moüy.
Avant de lancer ses propres nouveautés, le nouveau timonier entend rappeler à tous que, loin de se limiter aux emblématiques Joy et à présent 1000, la maison Patou avait aussi une longue histoire d'excellence dans la parfumerie. En 1984, il lance ainsi un projet d'envergure en forme de da capo: la réédition de douze anciens grands parfums griffés Patou, en remontant jusqu'aux sources. Et pas question de remettre ces anciennes références au goût du jour: Jean Kerléo va examiner scrupuleusement les archives de la maison pour reproduire chaque fragrance à l'identique. Ces douze élus - Amour Amour, Que sais-je?, Adieu Sagesse, Chaldée, Moment Suprême, Cocktail, Divine Folie, Normandie, Vacances, Colony, L'heure Attendue et Câline - regroupés sous la bannière "Ma Collection", seront proposés chacun en extrait et en eau de toilette, et un coffret rassemblant douze miniatures sera aussi commercialisé.
Après cette importante rétrospective, les nouveautés, toujours signées par Jean Kerléo, peuvent suivre sans rougir. En 1987, ce sera Ma Liberté, un féminin lavandé aux allures de fougère, dont le lancement fera là encore date: l'édition du 16 mars du Quotidien de Paris en sera tout entière embaumée.
Cette même année 1987 voit par contre la fermeture du volet haute couture de la maison Patou, avec une dernière collection Printemps-Été créée par un certain...Christian Lacroix.
Rayon parfums, le temps reste au beau fixe. L'association Patou-Lacoste se poursuit; le merveilleux floral-oriental Sublime verra le jour en 1991, suivi d'un deuxième masculin baptisé Voyageur (1995), dans un flacon-navire en clin d'œil à l'ancêtre Normandie. Le dernier parfum Patou signé Jean Kerléo sera Patou For Ever (1998), un fleuri qui ose le mariage avec un cocktail de framboises, ananas et melons.
En 1997 déjà, Jean Kerléo avait recruté un dauphin inattendu pour le poste de nez-maison: Jean-Michel Duriez, jeune parfumeur au parcours atypique. Sa première création pour Patou sera un bouquet romantique de fleurs blanches: Un Amour de Patou (1998). Il reprend aussi en charge les licences Patou, et composera Lacoste for Woman (1999), le masculin Lacoste 2000, mais aussi et surtout Yohji Homme (1999) pour Yohji Yamamoto, un gourmand masculin précurseur mêlant rhum, café et réglisse.
Quelques éditions limitées estampillées Patou suivent, apparemment destinées à des marchés restreints (Nacre et HIP pour le marché américain, Paname pour le duty free, 2000 en Patou à l'occasion du passage à l'an 2000).
13 septembre 2001: la fin d'un règne. La maison Patou est rachetée par le géant lessivier américain, Procter & Gamble (Ariel, Duracell, Gillette, Pampers,...).
Les Cassandre s'attendaient au pire, pourtant... surprise: le parfumeur-maison est conservé. En 2004, une nouvelle boutique-mère s'ouvre au n°5 de la prestigieuse rue de Castiglione, juste à côté de la place Vendôme, et est décorée dans un invraisemblable style pop rose tout droit sorti des Sixties. A l'étage, un "bar à parfums" hommage est recréé, où 160 matières premières peuvent être découvertes. Comble du luxe, bien digne de l'esprit du "parfum le plus cher du monde", la maison propose aussi la création de parfums sur mesure, de la vraie parfumerie haute couture qui coûtera la bagatelle de 55 000 euros à qui rêve d'avoir son parfum... Pour démontrer tout le potentiel du service, J-M Duriez compose un parfum voulu comme la plus parfaite antithèse possible au style Patou: un hyper-exclusif boisé-cuir-fleuri baptisé Julye.
Mais... il y a un mais. Le catalogue Patou est impitoyablement élagué: ne restent plus guère que Joy, 1000 et Sublime. Deux lancements seulement sont depuis venus les rejoindre. Ce sera d'abord l'étoile filante EnJoy en 2002, aujourd'hui pratiquement disparue, une fragrance qui ciblait les jeunes femmes en mêlant à un cocktail de fruits en tête (cassis, poire, pomme verte) le bouquet rose-jasmin de Joy, sur fond chypré-oriental. Suivra un étonnant tropical-gourmand crémeux, mariage d'opulente fleur de champaca et de...milk-shake banane: Sira des Indes (2006).
Et depuis?
Hélas, rien.
J-M Duriez semble à présent plus actif chez Rochas, autre marque tombée dans le giron Procter & Gamble (qui détient en propre les seuls Patou et Giorgio Beverly Hills, mais se charge aussi des licences Rochas, Lacoste, Yohji Yamamoto, Hugo Boss, Gucci, Escada, etc.).
Mise à part sa boutique rue de Castiglione, qui tient en fait plus à présent du secret d'initiés, la marque Patou semble devenue confidentielle: les Sephonnaud ne proposent que Joy, 1000 et Sublime, et ces joyaux ne sont guère mis en valeur, souvent timidement alignés sur le rayonnage du bas.
Reste que lesdits joyaux ont le mérite d'être toujours parmi nous. Mais sont-ils bien intacts? Chez Patou, on jure que les formulations sont toujours identiques, les seules variations éventuelles étant dues aux logiques fluctuations des matières premières naturelles. De plus en plus de clientes fidèles soutiennent par contre que leur bien-aimé Joy a changé, sans doute possible - comme d'ailleurs 1000 et Sublime - et pas dans le bon sens. Le lessivier est pointé du doigt...
Quoi qu'il en soit, avec les dernières mesures en date de l'IFRA2, organe européen de régulation des matières premières dans les produits parfumés, les formulations d'origine de ces merveilleux fleurons de la parfumerie sont condamnées. Amateurs, il ne vous reste qu'à foncer sur les derniers stocks.
Le 1er juillet 2011, la nouvelle est tombée: Procter&Gamble a revendu Patou à Designer Parfums, déjà propriétaire ou distributeur des marques Agent Provocateur, Jean-Louis Scherrer, Aigner Parfums et d'un autre grand fleuron de la parfumerie, Worth. La société britannique annonce son intention de respecter et de valoriser l'héritage Patou... on peut toujours croiser les doigts, mais à l'heure actuelle (novembre 2011), Jean-Michel Duriez ne travaillait en tout cas plus pour la maison, remplacé par Thomas Fontaine, ancien de l'ISIPCA. Et la vitrine de la boutique rue Castiglione portait juste un triste encart: "fermé"...
1 - mini-parfum, assemblage précomposé de plusieurs matières qu'un parfumeur utilisera tel quel, comme matière première, dans sa composition.
2 - l'amendement IFRA 43, entré en vigueur le 1er janvier 2010, prévoit un seuil maximal d'absolu jasmin que l'extrait de parfum de Joy excède, riche qu'il est en précieux naturels qui font toute sa beauté (Jean Patou est l'un des rares, avec Chanel, à avoir à Grasse ses propres champs de roses et de jasmin). Sous ce nouveau régime, le parfum Joy ne peut tout simplement plus être produit selon sa formule originale. Plus de détails sur Grain de Musc et Poivre Bleu.
Rien ne prédisposait, au départ, le Normand Jean Patou à se lancer dans la parfumerie: né en 1887, il a d'abord travaillé dans l'affaire de ...tannerie de ses parents. De puissants effluves, certes, mais bien loin du jasmin et de la rose...
Monté à Paris en 1910, il ouvre bientôt un petit magasin de fourrures, puis lance une boutique de vêtements dans laquelle il vend ses premiers modèles. Le succès commence à arriver... mais la mobilisation générale de la France contre l'Allemagne, en 1914, y met un terme brutal. Jean Patou connaîtra les tranchées, et finira comme capitaine des zouaves, envoyé avec l’armée d’Orient aux Dardanelles.
La guerre allait le marquer durablement, lui donner une témérité flamboyante, le goût de l'instant présent, du jeu, du risque.
En 1919, dans son salon de la rue Saint-Florentin, il lance sa première collection de vêtements, qui fera fureur. Son succès essaime: Deauville, Biarritz, bientôt les États-Unis, qui lui font fête. Toujours à l'affût des moindres variations dans l'air du temps, il ne cesse d'inventer: pour cette nouvelle créature, la garçonne, il lancera le sportswear, le maillot de bain en tricot. N'estimait-il pas que "tout homme devrait s'efforcer avant tout d'être de son temps"?
Et précisément, pour les couturiers, le temps est au parfum. La grande rivale, Chanel, a lancé son redoutable N°5 en 1921. Chez Jeanne Lanvin, on n'a pas chômé: les lancements se sont multipliés, et cette année 1925 marque la sortie de Mon Péché / My Sin.
Jean Patou ne peut plus attendre. Il embauche Henri Alméras, auparavant parfumeur pour un autre couturier, Paul Poiret, et le charge de créer non pas une, mais trois fragrances pour faire son entrée dans le monde de la parfumerie. Le trio Amour Amour, Que Sais-Je? et Adieu Sagesse sera lancé en fanfare, lors de l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes, célébrant non seulement le triomphe des idées nouvelles et de l'Art déco, mais aussi celui de l'"art de vivre" - où les parfums figurent en bonne place.
Le public fait bon accueil aux trois fragrances, et Jean Patou décide donc de poursuivre dans cette voie - en y mettant à l'œuvre, toujours, son goût de la modernité. La mode passe soudain aux teints hâlés? Patou lance le premier produit solaire, la fameuse Huile de Chaldée, dont la senteur sera ensuite concentrée en parfum (1927). Les garçonnes brouillent les pistes? Il répond par le premier parfum unisexe, astucieusement baptisé "Le Sien" (1929), "un parfum à dominante masculine, frais, tonique, convenant parfaitement aux hommes, mais également aux femmes résolument modernes (...)". Patou le mondain, coqueluche de l'aristocratie et des célébrités, propose ses fragrances luxueuses dans des flacons Baccarat et des coffrets en cuir signés Cartier. Paris est toute frénésie? Il fête l'apothéose des Années Folles, leur Moment Suprême...
...puis arrive le krach de Wall Street. La France n'est pas immédiatement affectée, mais la clientèle de la maison était composée en grande partie d'Américaines, et beaucoup ne sont plus en mesure d'acheter, encore moins de venir à Paris assister aux défilés.
De guerre lasse, Alméras lui propose un bouquet absolument somptueux, fait des matières les plus précieuses de la palette du parfumeur - jasmin de Grasse, rose de mai, rose de Bulgarie - et extrêmement concentré. La composition est d'une richesse folle, d'un coût exorbitant.
"Oui, ça y est!": le maître d'œuvre donne son aval, et baptise le parfum Joy - comme la joie que son cadeau donnera à ses clientes. Elsa Maxwell, attachée de presse et amie de Patou, lui trouve un slogan en forme de pied-de-nez à la Dépression: "Le parfum le plus cher du monde!"
Présent avant tout, le "parfum roi" ne sera commercialisé qu'en 1935.
Henri Alméras lui-même avait les mêmes intransigeances en matière de qualité, et n'hésitait pas à faire appel aux meilleurs de l'époque. Il utilise ainsi plusieurs bases1 du talentueux Marius Reboul, chimiste chez Givaudan, dont le travail fera date dans le milieu: sa base Amarante avait été la pierre angulaire d'Amour Amour, Melittis permettra Moment Suprême.
Si Joy pose un extraordinaire jalon, pour la maison comme d'ailleurs pour la parfumerie, les lancements se poursuivent chez Patou; ils ont pour nom Invitation (1932) ou encore Divine Folie (1933).
Et Jean Patou colle encore et toujours à l'actualité: en 1935, à l’occasion du lancement du transatlantique Normandie, il lance une fragrance éponyme et - joli coup marketing, dirions-nous aujourd'hui - offre à chaque passagère de première classe du voyage inaugural un flacon du parfum, glissé dans une maquette du paquebot. En 1936, les premiers congés payés seront embaumés d'un joli parfum de Vacances.
Mais au cours de la même année, Jean Patou va soudain s'effondrer, victime d'une crise d'apoplexie. Il n'a que 49 ans.
***
Son beau-frère et collaborateur dans la division parfums, Raymond Barbas, va reprendre la tête de la maison, sur le même modèle. Les lancements de fragrances ne s'interrompent pas: le joyeux chypré-fruité Colony sortira en 1938.
La guerre, par contre, met un terme aux nouveautés. Henri Alméras quitte la maison.
Pendant les hostilités, la publicité se fait patriotique...
En 1946, enfin! Jean Patou fête la paix en parfum: ce sera L'Heure Attendue. Mais le conflit a laissé des traces, et pendant la décennie suivante, il n'y aura d'autre lancement qu'une déclinaison du parfum-phare de la maison: ce sera Eau de Joy, réalisé par Henri Giboulet, auteur du fameux Gin Fizz de Lubin.
Une cologne masculine, Monsieur Net, sortira en 1956, année qui verra aussi le lancement du chypré-cuiré Lasso, réalisé par Guy Robert (futur créateur de Calèche d'Hermès).
En 1960, Henri Giboulet devient le nouveau parfumeur attitré de la maison. Il créera Makila (1961), composition fleurie blanche centrée sur le jasmin sambac, puis Câline (1964), un doux fleuri aldéhydé ciblant spécifiquement les jeunes filles, grande nouveauté pour l'époque.
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En 1967, Jean Kerléo prend la succession d'Henri Giboulet à la création des parfums, après avoir passé douze ans chez Helena Rubinstein et avoir reçu, en 1965, le Prix des Parfumeurs de France. C'est à lui que seront confiés les premiers parfums sous licence Jean Patou: l'Eau de Sport et l'Eau de Toilette éponyme pour Lacoste.
Mais Raymond Barbas, toujours à la tête des parfums, a d'autres ambitions: lancer un parfum "somptueux, exubérant, déraisonnable"... en bref, créer son Joy - et même un sur-Joy. La légende veut que la réalisation de la fragrance ait pris des allures homériques: dix années et pas moins de mille tentatives seront nécessaires, d'où le nom donné à ce nouveau parfum de la démesure, alliant au cœur de Joy - roses et jasmin de Grasse - la note abricotée de l'osmanthus et la douceur du santal: 1000 (1972). Le coût de la formule est, cette fois encore, extravagant. Et le lancement sera à la hauteur, avec un ballet de Rolls Royce allant livrer les premiers flacons à mille heureuses élues triées sur le volet. Au départ, le précieux élixir ne sera disponible que sur commande, et chaque flacon sera numéroté.
Suivront quelques jus plus accessibles, le bel hespéridé frais Eau de Patou (1976), puis le premier vrai masculin de la gamme, Patou pour Homme (1980). Cette même année verra le passage de témoin, à la tête de la maison, entre Raymond Barbas et le petit-neveu de Jean Patou: Jean de Moüy.
Avant de lancer ses propres nouveautés, le nouveau timonier entend rappeler à tous que, loin de se limiter aux emblématiques Joy et à présent 1000, la maison Patou avait aussi une longue histoire d'excellence dans la parfumerie. En 1984, il lance ainsi un projet d'envergure en forme de da capo: la réédition de douze anciens grands parfums griffés Patou, en remontant jusqu'aux sources. Et pas question de remettre ces anciennes références au goût du jour: Jean Kerléo va examiner scrupuleusement les archives de la maison pour reproduire chaque fragrance à l'identique. Ces douze élus - Amour Amour, Que sais-je?, Adieu Sagesse, Chaldée, Moment Suprême, Cocktail, Divine Folie, Normandie, Vacances, Colony, L'heure Attendue et Câline - regroupés sous la bannière "Ma Collection", seront proposés chacun en extrait et en eau de toilette, et un coffret rassemblant douze miniatures sera aussi commercialisé.
Après cette importante rétrospective, les nouveautés, toujours signées par Jean Kerléo, peuvent suivre sans rougir. En 1987, ce sera Ma Liberté, un féminin lavandé aux allures de fougère, dont le lancement fera là encore date: l'édition du 16 mars du Quotidien de Paris en sera tout entière embaumée.
Cette même année 1987 voit par contre la fermeture du volet haute couture de la maison Patou, avec une dernière collection Printemps-Été créée par un certain...Christian Lacroix.
Rayon parfums, le temps reste au beau fixe. L'association Patou-Lacoste se poursuit; le merveilleux floral-oriental Sublime verra le jour en 1991, suivi d'un deuxième masculin baptisé Voyageur (1995), dans un flacon-navire en clin d'œil à l'ancêtre Normandie. Le dernier parfum Patou signé Jean Kerléo sera Patou For Ever (1998), un fleuri qui ose le mariage avec un cocktail de framboises, ananas et melons.
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En 1997 déjà, Jean Kerléo avait recruté un dauphin inattendu pour le poste de nez-maison: Jean-Michel Duriez, jeune parfumeur au parcours atypique. Sa première création pour Patou sera un bouquet romantique de fleurs blanches: Un Amour de Patou (1998). Il reprend aussi en charge les licences Patou, et composera Lacoste for Woman (1999), le masculin Lacoste 2000, mais aussi et surtout Yohji Homme (1999) pour Yohji Yamamoto, un gourmand masculin précurseur mêlant rhum, café et réglisse.
Quelques éditions limitées estampillées Patou suivent, apparemment destinées à des marchés restreints (Nacre et HIP pour le marché américain, Paname pour le duty free, 2000 en Patou à l'occasion du passage à l'an 2000).
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13 septembre 2001: la fin d'un règne. La maison Patou est rachetée par le géant lessivier américain, Procter & Gamble (Ariel, Duracell, Gillette, Pampers,...).
Les Cassandre s'attendaient au pire, pourtant... surprise: le parfumeur-maison est conservé. En 2004, une nouvelle boutique-mère s'ouvre au n°5 de la prestigieuse rue de Castiglione, juste à côté de la place Vendôme, et est décorée dans un invraisemblable style pop rose tout droit sorti des Sixties. A l'étage, un "bar à parfums" hommage est recréé, où 160 matières premières peuvent être découvertes. Comble du luxe, bien digne de l'esprit du "parfum le plus cher du monde", la maison propose aussi la création de parfums sur mesure, de la vraie parfumerie haute couture qui coûtera la bagatelle de 55 000 euros à qui rêve d'avoir son parfum... Pour démontrer tout le potentiel du service, J-M Duriez compose un parfum voulu comme la plus parfaite antithèse possible au style Patou: un hyper-exclusif boisé-cuir-fleuri baptisé Julye.
Mais... il y a un mais. Le catalogue Patou est impitoyablement élagué: ne restent plus guère que Joy, 1000 et Sublime. Deux lancements seulement sont depuis venus les rejoindre. Ce sera d'abord l'étoile filante EnJoy en 2002, aujourd'hui pratiquement disparue, une fragrance qui ciblait les jeunes femmes en mêlant à un cocktail de fruits en tête (cassis, poire, pomme verte) le bouquet rose-jasmin de Joy, sur fond chypré-oriental. Suivra un étonnant tropical-gourmand crémeux, mariage d'opulente fleur de champaca et de...milk-shake banane: Sira des Indes (2006).
Et depuis?
Hélas, rien.
J-M Duriez semble à présent plus actif chez Rochas, autre marque tombée dans le giron Procter & Gamble (qui détient en propre les seuls Patou et Giorgio Beverly Hills, mais se charge aussi des licences Rochas, Lacoste, Yohji Yamamoto, Hugo Boss, Gucci, Escada, etc.).
Mise à part sa boutique rue de Castiglione, qui tient en fait plus à présent du secret d'initiés, la marque Patou semble devenue confidentielle: les Sephonnaud ne proposent que Joy, 1000 et Sublime, et ces joyaux ne sont guère mis en valeur, souvent timidement alignés sur le rayonnage du bas.
Reste que lesdits joyaux ont le mérite d'être toujours parmi nous. Mais sont-ils bien intacts? Chez Patou, on jure que les formulations sont toujours identiques, les seules variations éventuelles étant dues aux logiques fluctuations des matières premières naturelles. De plus en plus de clientes fidèles soutiennent par contre que leur bien-aimé Joy a changé, sans doute possible - comme d'ailleurs 1000 et Sublime - et pas dans le bon sens. Le lessivier est pointé du doigt...
Quoi qu'il en soit, avec les dernières mesures en date de l'IFRA2, organe européen de régulation des matières premières dans les produits parfumés, les formulations d'origine de ces merveilleux fleurons de la parfumerie sont condamnées. Amateurs, il ne vous reste qu'à foncer sur les derniers stocks.
Le 1er juillet 2011, la nouvelle est tombée: Procter&Gamble a revendu Patou à Designer Parfums, déjà propriétaire ou distributeur des marques Agent Provocateur, Jean-Louis Scherrer, Aigner Parfums et d'un autre grand fleuron de la parfumerie, Worth. La société britannique annonce son intention de respecter et de valoriser l'héritage Patou... on peut toujours croiser les doigts, mais à l'heure actuelle (novembre 2011), Jean-Michel Duriez ne travaillait en tout cas plus pour la maison, remplacé par Thomas Fontaine, ancien de l'ISIPCA. Et la vitrine de la boutique rue Castiglione portait juste un triste encart: "fermé"...
1 - mini-parfum, assemblage précomposé de plusieurs matières qu'un parfumeur utilisera tel quel, comme matière première, dans sa composition.
2 - l'amendement IFRA 43, entré en vigueur le 1er janvier 2010, prévoit un seuil maximal d'absolu jasmin que l'extrait de parfum de Joy excède, riche qu'il est en précieux naturels qui font toute sa beauté (Jean Patou est l'un des rares, avec Chanel, à avoir à Grasse ses propres champs de roses et de jasmin). Sous ce nouveau régime, le parfum Joy ne peut tout simplement plus être produit selon sa formule originale. Plus de détails sur Grain de Musc et Poivre Bleu.
Parfums Jean Patou actuellement disponibles:
- 1000 (edt - edp - parfum)
- Joy (edt -edp - parfum)
- Sublime (edt - edp)
- Sira des Indes (edp - parfum) [selon les sources, toujours au catalogue OU retiré de la vente mais encore trouvable à certains endroits]
Dernière mise à jour: 24 novembre 2011.
Sources: Jean Kerléo; "Jean Patou de 1914 à 2001", in Les Nouvelles de l'Osmothèque n°37; Prodimarques; Octavian Coiffan; 1000Fragrances; Michael Edwards - Parfums de légende; site de la maison Jean Patou; Guy Robert - Les sens du parfum (via le site de la SFP); interview de J-M Duriez sur RFI; interview de J-M Duriez sur le site de la SPF; blog de Luca Turin; vendeuses de la boutique parisienne, CNBC, The Moodie Report.
Images: affiche de l'Exposition (ASPECambrai); publicité de 1932 pour Amour Amour et Que Sais-Je?, illustration de Reynaldo Luza (H Prints); flacons d'origine d'Adieu Sagesse et Le Sien (Prodimarques); publicité de 1939 pour Joy (Okadi); publicité de 1947 pour Normandie (H Prints); publicité de 1942 pour les parfums Patou (Retro Reklama); publicité de pour Lasso (mesparfums); Jean Kerleo (Prodimarques); publicité de 1976 pour 1000 (Paperpursuits); coffret Ma Collection (eBay); publicité de 1984 pour Ma Collection (Okadi); publicité pour Voyageur (CouleurParfum); Jean-Michel Duriez (Premium Beauty News); vitrine de la boutique Patou rue de Castiglione (RFI); bar à parfums à l'étage (site de Jean Patou), flacons "bijou" Patou (Fragrantica).
15 commentaires:
Ah la maison Patou! Hélas le portrait, instructif et très bien documenté, que vous en faites ressemble à une longue agonie, de la splendeur à l'oubli. Quand je sens Que Sais-je, Normandie, Cocktail ou Vacances, ça me fend le cœur! Allez, pour rêver un peu je vais de ce pas me badigeonner de Cocktail.. et promis cette semaine je ferai un pèlerinage rue Castiglione.
Anatole,
Il y a malgré tout un peu de ça, et malgré la belle boutique (et ses vendeuses charmantes et passionnées/antes!), Patou, comme marque, commence à ressembler un peu à une pièce de musée... mais sans subir, heureusement, un sort à la Coty! Au moins, quelques perles ont survécu en bon état, c'est déjà ça (en oubliant le nouvel assaut de l'IFRA...)
Ceci dit, comme vous, que je les regrette, ces Ma Collection! Et ma liste de préférés rejoint de près la vôtre... j'ajouterais aussi Chaldée, qui m'envoûte.
Il ne nous reste hélas qu'à chérir nos flacons, ou prier pour un miracle!
Magnifique article, passionnant et riche en anecdotes...Je connaissais très peu la maison Jean Patou, alors, merci...1000 fois ! ;-)
Sixtine,
Merci pour cette belle histoire, cette légende, devrais-je dire... qui laisse un peu d'espoir quant à l'avenir de la marque !
Je me rappelle l'époque où j'étais toujours fourrée au Soleil d'Or du temps de sa grandeur (au propre et au figuré !). J'étais alors très branchée parfums anciens et c'est là que j'ai découvert Ma Collection. Ces créations me faisaient beaucoup fantasmer : grands transatlantiques, robes longues et aigrettes, fume-cigarettes et cocktails sur fond de jazz feutré... J'avais acheté Colony, alors que la vendeuse me conseillait - en raison de mon jeune âge il faut croire - Moment Suprême...
Il y a plus de vingt ans j'étais allée avec ma mère rue Saint-Florentin. Accueil princier, élégance et sourire ! J'avais choisi Câline et ma mère Vacances. Je me souviens aussi des précieuses miniatures offertes avec ces achats... Amour-Amour et Que Sais-Je, il me semble, ce dernier me rappelant Femme de Rochas (dis-moi si je me trompe)...
Hélas ces trésors ont disparu dans un cambriolage au milieu des années 90, avec en outre MON extrait d'Après l'Ondée !
Il me reste le coffret aux miniatures qui lui n'a pas tenté les monte-en-l'air ! Il faudrait que je remette la main dessus ! Mais ils doivent avoir souffert du temps, et ma période Patou est derrière moi...
Clélia,
Vu ce qu'il reste aujourd'hui de la maison, c'est bien compréhensible! Patou est devenu Joy surtout, 1000 un peu... bien d'autres beautés font partie d'un passé révolu, malheureusement!
Rafaèle,
Oh, merci d'avoir partagé ton histoire avec Patou! Tu étais bien plus précoce que moi, je n'osais pas pousser la porte du Soleil d'Or à l'époque... alors ne parlons pas de celle de la boutique rue St-Florentin! Ce devait être quelque chose... l'accueil à la boutique de Castiglione est excellent (les vendeuses sont de vraies passionnées!), mais être dans la boutique historique, là où Patou himself accueillait ses clientes in illo tempore, ça devait avoir un de ces cachets!
J'ai aussi la même image swanky de ces Ma Collection, mais il faut dire qu'en plus de l'époque de leur composition, leur élégance même y contribue, c'est vraiment incroyable de trouver tant de maestria rassemblée - jusqu'à ce Colony qui réussit justement à rester chic malgré son grand éclat de rire à l'ananas du début! Et tu confirmes quelque part que Câline était bien "le parfum de la jeune fille" ;) - quoique je trouve précisément Vacances très jeune fille en fleurs, sans mièvrerie (et je confirme, Que Sais-Je? et Femme de Rochas, même combat! Quoique j'avoue préférer le Patou, avec sa note noix-terre glacée)...
Je ne peux qu'imaginer à quel point tu as dû être horrifiée de voir tout ça disparu (bon, en particulier l'extrait d'Après l'Ondée, absolument irremplaçable vu les tarifs ebay actuels, et j'imagine que le reste du butin ne devait pas être bien agréable non plus....)
Le coffret de miniatures est précisément la boîte de Pandore qui a fini par me faire tomber du côté obscur et me ruiner à retrouver des flacons partout... dans le mien, les jus sont encore en parfait état, donc si la nostalgie t'en prend, n'hésite pas, pour les souvenirs!
Sixtine,
C'est cette note d'ananas qui m'avait séduite dans Colony ! Aussi je n'en ai pas démordu ! Il présentait aussi une note animale, d'où je pense la tentative de dissuasion de la vendeuse, la lavande de Moment Suprême étant sans doute moins "dérangeante" !
A l'époque je trouvais à Colony des points commun avec Audace de Rochas...
Ma visite chez Patou me laisse un merveilleux souvenir... Heureusement Paris compte encore de ces temples du parfum où je ne pénètre jamais que le coeur battant !
Paradoxalement, c'est maintenant que j'hésite à pousser la porte du Soleil d'Or. La boutique regorge de richesses mais on n'y a plus comme autrefois la liberté d'explorer : l'espace est restreint et l'accueil n'est plus ce qu'il était ou, pour plutôt, je ne me sens pas bienvenue si je n'ai manifestement pas l'intention d'acheter. Je n'ose pas demander à essayer plus de deux ou trois parfums, sans compter que sortir les mains vides est une épreuve pour mon amour-propre !
Comment ressens-tu tes visites au Soleil d'Or ?
Ca me ferait plaisir de re-sentir les Patou, bien sûr... Mais où ai-je donc bien pu fourrer le coffret ;-) ?
Je te dirai !
Bonjour,
Je suis vendeur de mon flacon de parfum NORMANDIE 1935 premiere traversée, avec bouchon touche oreille et boite complete .
Il est sans etiquette et en bon etat bien que dans son jus malheureusement vide mais encore hanté par sa fragance .
Si vous voulez me faire une offre : arias.f@free.fr
Anonyme,
Merci de votre intérêt, mais je préfère éviter toute publicité ou lien commercial sur ce blog...
Bonjour,
Joy a-t-il été reformulé ? le parfum uniquement ? l'eau de toilette et de parfum également ?
Merci de votre réponse.
Anonyme,
Malheureusement, toute la ligne Joy a été reformulée, les nouvelles normes interdisant tout bonnement que la fragrance puisse être produite selon sa formule originale...
Bonsoir Sixtine, pouvez vous me dire si Joy a été discontinué ? Je n'arrive plus à le trouver dans les nociphorarionnaud parisiens ni dans les petites parfumeries de quartier. Quid de 1000 ? Le site internet Jean Patou est à pleurer. La destruction de cette belle marque et de ses joyaux m'attriste vraiment.
Merci, Newyorker
Tell me about Ma Liberte and Patou pour Homme Prive. How similar are they?
Thanks
Votre site est une merveille, une mine de renseignements, de trésors, de souvenirs... Je le découvre et m'y replongerai avec plaisir!
il y a bien longtemps de cela j'utilisais l'huile de chaldée l'été pour mon bronzage c'etait exeptionel !en trouve t on toujours?si oui dites moi ou s'il vous plait !!!!!merci beaucoup d'avance
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